Les immunothérapies ont beau constituer une véritable révolution thérapeutique dans la lutte contre leur cancer, leur efficacité reste encore à ce jour limitée : seuls 10 à 25% des patients atteints de cancers métastatiques comme le mélanome, le cancer du poumon ou de la vessie y seraient réceptifs.
Des chercheurs du Centre de Recherche de Cancérologie de Lyon (CRCL – Inserm / CNRS / Université Claude Bernard Lyon 1 / Centre Léon Bérard), du Centre Léon Bérard et de Gustave Roussy ont peut-être trouvé la solution pour lever cette résistance. Dans une étude publiée dans la revue Science Translational Medicine, ils révèlent que l’injection d’un vaccin contre la gastro-entérite (le rotavirus) dans la tumeur cancéreuse pouvait non seulement la faire régresser mais aussi, lorsqu’est associée à une immunothérapie, la faire disparaître.
"Nos résultats démontrent que les Rotavirus contenus dans les vaccins contre la gastroentérite peuvent rendre sensibles à l’immunothérapie des tumeurs qui seraient naturellement résistantes", explique ainsi Christophe Caux, co-auteur des travaux.
Une disparition totale des tumeurs
Pour tester l’efficacité des vaccins contre la gastro-entérite, les chercheurs se sont intéressés "à des tumeurs pédiatriques telles que les neuroblastomes, cancers agressifs qui ne répondent pas aux immunothérapies existantes". "Dans l’objectif de transformer la réponse de ces tumeurs à l’immunothérapie, nous avons utilisé différents vaccins comme sources d’éléments pro-inflammatoires car les agents pathogènes tels que les virus ont la capacité de stimuler directement des récepteurs de l’immunité innée" explique dans un communiqué de l’Inserm Aurélien Marabelle, co-auteur de l’étude.
14 vaccins différents et disponibles sur le commerce (BCG, Cervarix, TicoVac…) ont ainsi été testés pour connaître leur capacité à stimuler les récepteurs de l’immunité innée. Parmi eux, ce sont ceux contre le Rotavirus (Rotarix, Rotateq), virus responsable des gastroentérites, qui sont apparus comme ayant de fortes propriétés pro-inflammatoires. En injectant ces deux vaccins contre le Rotavirus directement dans les tumeurs, les scientifiques ont ainsi constaté que certaines régressaient jusqu’à disparaître. Et lorsqu’ils ont ensuite combiné l’injection vaccinale avec des immunothérapies, toutes les tumeurs ont disparu.
"Nos résultats démontrent que les Rotavirus contenus dans les vaccins contre la gastroentérite peuvent rendre sensibles à l’immunothérapie des tumeurs qui seraient naturellement résistantes", souligne Christophe Caux.
Ces résultats préliminaires prometteurs devraient permettre d’ouvrir prochainement la voie à des essais pré-cliniques et cliniques sur des humains.