Les plantes d’intérieur embellissent une pièce, mais nous leur prêtons également des vertus qu’elles n’auraient pas, notamment dépolluantes. L’idée selon laquelle elles purifieraient l’air intérieur vient d’être contredite par une nouvelle étude. D’après l’analyse des chercheurs de l’université Drexel (Etats-Unis), ces plantes ne purifient pas l'air assez rapidement pour avoir un effet sur la qualité de l'air de votre maison ou de votre bureau. La ventilation naturelle surpasserait de loin les plantes en pot lorsqu'il s'agit d'assainir l’air. Leurs travaux ont été publiés le 6 novembre dans la revue Journal of Exposure Science & Environmental Epidemiology.
Michael Waring, professeur agrégé en architecture et en génie de l’environnement à l’université Drexel, et l'un de ses étudiants au doctorat, Bryan Cummings, ont passé en revue une douzaine d'études couvrant 30 ans de recherche, pour en tirer leurs conclusions. Leur principal enseignement est que les taux de renouvellement d'air naturel ou de ventilation dans les environnements intérieurs, comme les maisons et les bureaux, diluent les concentrations de composés organiques volatils - la pollution atmosphérique que les plantes nettoient prétendument - beaucoup plus rapidement que les plantes ne peuvent les extraire de l’air. “C’est une fausse idée reçue depuis un certain temps. Les plantes sont formidables, mais elles ne purifient pas l'air intérieur assez rapidement pour avoir un effet sur la qualité de l'air de votre maison ou de votre bureau” selon Michael Waring.
A l’origine d’une mauvaise interprétation
L’expérience, très médiatisée, qui semble être à l’origine du mythe, s'est produite en 1989 lorsque la NASA, à la recherche de moyens de purifier l'air dans les stations spatiales, a déclaré que les plantes pouvaient être utilisées pour éliminer les produits chimiques cancérigènes de l’air. Le problème, c’est que cette expérience a été réalisée dans une chambre scellée dans un laboratoire, un environnement confiné qui n'a pas grand-chose à voir une maison ou un bureau. Les données de ces études n'ont malheureusement pas été interprétées de façon plus approfondie pour refléter quels seraient les résultats si cela s’était produit dans un “environnement intérieur réel” avec échange d'air naturel ou de ventilation.
Pour les deux chercheurs, cette mauvaise interprétation est “typique de ces études”. “Une plante en pot était placée dans une chambre scellée (souvent d'un mètre cube ou moins), dans laquelle un seul composé organique volatil était injecté, et sa décomposition était suivie pendant plusieurs heures ou jours.”
L'étude de Michael Waring et Bryan Cummings va plus loin dans l'analyse des données tirées des volumes de recherche sur les plantes en pot. Ils les utilisent notamment pour calculer une mesure appelée “débit d'air pur”. Ils ont réalisé ce calcul pour presque toutes les études qu’ils ont consulté et ont constaté dans chaque cas, le taux de dissipation des composés organiques volatils absorbés par les plantes dans une chambre était inférieur de plusieurs ordres de grandeur au taux standard de renouvellement d'air dans un bâtiment, ce qui prouve que l'effet global des plantes sur la qualité de l'air intérieur est non-pertinent.
Beaucoup moins efficace qu’une fenêtre ouverte
“Le débit d’air pur est la mesure standard utilisée pour l'étude scientifique des impacts des purificateurs d'air sur l'environnement intérieur, mais bon nombre des chercheurs qui ont mené ces études ne les examinaient pas du point de vue du génie environnemental et ne comprenaient pas comment les taux de renouvellement d'air des bâtiments interagissent avec les plantes pour affecter la qualité de l'air intérieur”, indique Michael Waring.
Plusieurs de ces études ont montré une réduction de la concentration de composés organiques volatils au fil du temps, ce qui explique probablement pourquoi les gens s'en sont emparé pour vanter les vertus purificatrices de l'air des plantes. Selon les calculs des chercheurs, il faudrait entre 10 et 1 000 plantes par mètre carré de surface au sol pour rivaliser avec un système de traitement de l'air d'un bâtiment, ou même simplement quelques fenêtres ouvertes dans une maison. Les chercheurs soulignent en outre qu'il s'agit là d'un exemple classique de la façon dont les résultats scientifiques peuvent être trompeurs ou mal interprétés avec le temps.