Reculer pour mieux sauter ? C'est peut-être la stratégie adoptée par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui a annoncé ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres le report du projet de transformation de l'Hôtel-Dieu (Assistance publique-Hôpitaux de Paris, AP-HP) face à « la dégradation du climat ».
Objet de la discorde, la fermeture des urgences prévue pour le 4 novembre. Elle entraîne depuis deux ans la grogne d'une partie de l'équipe médicale ainsi que de nombreux politiques. L'Hôtel Dieu est en effet au coeur d'un vaste projet de modernisation, qui prévoit d'en faire « l'hôpital du 21e siècle ». Autrement dit, un hôpital sans lit, mais doté d'une médecine axée sur la prévention, le dépistage et l’éducation pour la santé. Un établissement « low-cost », commentent ses détracteurs.
Par ailleurs, cette annonce de report intervient deux jours après la décision par la direction de l'AP-HP de suspendre de ses fonctions le Dr Gérald Kierzek, responsable du service mobile d'urgence et de réanimation (SMUR) de l'Hôtel-Dieu. Ce dernier avait porté un projet alternatif de transformation de l'hôpital reposant sur le maintien d'un service d'urgence, appuyé sur un plateau technique (imagerie et biologie), des services de médecine interne générale, de gériatrie (aiguë et soins de suite) et de psychiatrie avec un centre de chirurgie ambulatoire et une maternité de type 1. Projet rejeté pour le moment par la direction. Depuis l'annonce de la sanction, l'urgentiste a reçu de nombreux soutiens d'organisations syndicales, de comités de défense et d'élus de tous bords. Du côté de la direction, on assure dans un communiqué que « la décision de suspendre Gérald Kierzek de ses fonctions visait à assurer le bon fonctionnement de ce service. »