ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Plus vous êtes grand, plus le risque de fibrillation auriculaire augmente

Complications cardiaques

Plus vous êtes grand, plus le risque de fibrillation auriculaire augmente

Par Misha P.

Le risque d’être atteint d’une fibrillation auriculaire s’accroît à minima de 3% pour les personnes dépassant 1,75m. 

Tharakorn/iStock

Être grand a toujours été considéré comme un atout, mais si c'était aussi un risque pour votre santé ? Selon une nouvelle étude de Penn Medicine Research (Etats-Unis), les personnes de grande taille courent un plus grand risque de développer la fibrillation auriculaire, soit un rythme cardiaque rapide, irrégulier et fréquent qui peut, entre autres, causer des accidents vasculaires cérébraux et une insuffisance cardiaque. Cette recherche est l'une des premières à révéler une corrélation entre les facteurs génétiques associés à la taille et le risque de fibrillation auriculaire. Il montre que la hauteur peut être un facteur de risque causal de l'affection. Les résultats ont été présentés lors des sessions scientifiques 2019 de l'American Heart Association, à Philadelphie. 

Les chercheurs ont découvert que le risque de fibrillation auriculaire s’accroît à mesure que la taille augmente d’un pouce (unité de mesure anglo-saxonne correspondant à 2,54cm). Pour chaque personne dont la taille est supérieure à 1,75m, le risque de fibrillation auriculaire augmente de 3 %, exclusion faite des autres facteurs de risque. Selon Michael Levin, chercheur en médecine cardiovasculaire au Penn Medicine Research, il serait souhaitable d'inclure la taille dans les outils de prévision du risque de fibrillation auriculaire. Bien que les lignes directrices actuelles s'opposent à un dépistage généralisé de la fibrillation auriculaire, les résultats de cette recherche montrent que les patients de très grande taille devraient bénéficier d'un dépistage. 

Un examen sur 1,2 million de personnes

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont étudié les données recueillies par le consortium Genetic Investigation of Anthropometric Trials (GIANT), qui a examiné plus de 700 000 personnes, afin d’identifier les facteurs génétiques associés à la taille. Les données du consortium AFGen (Atrial Fibrillation Genetics), recueillies à partir d'un examen de plus de 500 000 personnes pour identifier les variations génétiques associées à la fibrillation auriculaire, ont également été étudiées. 

À l'aide d'une méthode statistique qui estime avec précision le lien entre deux caractères, les chercheurs ont découvert que les variantes génétiques associées à la taille l’étaient également avec la fibrillation auriculaire, ce qui suggère une forte corrélation entre elles. Ces mêmes résultats se sont reproduits même après que l'équipe ait adapté ses mesures aux facteurs de risque traditionnels de la fibrillation auriculaire, comme les maladies cardiaques, l'hypertension artérielle et le diabète. Par la suite, les chercheurs ont utilisé un autre outil statistique pour analyser environ 7 000 personnes inscrites à la biobanque Penn Medicine. Ils ont constaté que les variantes génétiques liées à la taille étaient également fortement associées à un risque accru de fibrillation auriculaire, qui étaient indépendant des facteurs de risque cliniques. 

La confirmation d’une étude précédente

Une précédente étude sur la taille et les maladies cardiaques, publié en 2014 dans PubMed, indiquait déjà que la fibrillation auriculaire était plus fréquente chez les personnes de grande taille que chez celles de petite taille. L'article notait également que le syndrome de Marfan, un trouble génétique affectant le tissu conjonctif du corps, était associé à une augmentation de la taille. En outre, les patients plus grands sans syndrome de Marfan était plus enclins à un prolapsus de la valve mitrale. D'autre part, l'article notait que les problèmes comme l'insuffisance cardiaque congestive, les maladies coronariennes et la calcification de la valve aortique étaient moins fréquents chez les patients de grande taille. 

Selon Scott Damrauer, professeur adjoint de chirurgie au Penn Medicine,“ces analyses montrent comment nous pouvons utiliser la génétique humaine pour nous aider à mieux comprendre les facteurs de risque causals des maladies courantes.” En ce qui concerne les méthodes de recherche, le professeur indique que les résultats actuels montrent comment les statistiques des grandes études publiées peuvent être combinées avec les données individuelles des biobanques institutionnelles pour améliorer notre compréhension des maladies.