ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Maladies cardiovasculaires : il faudrait revoir les lignes directrices sur le "mauvais cholestérol"

Sous-classe B des LDL

Maladies cardiovasculaires : il faudrait revoir les lignes directrices sur le "mauvais cholestérol"

Par Charlotte Arce

De nouveaux travaux menés par l’université de l’Ohio pointent l’inefficacité des recommandations actuelles sur la réduction du taux de mauvais cholestérol dans la prévention des maladies cardiovasculaires.

Hywards/iStock

Les recommandations actuelles en matière de réduction du “mauvais cholestérol” font-elles fausse route ?

Alors qu’en septembre dernier, la Société européenne de cardiologie et la Société européenne d'athérosclérose livraient leurs directives pour une meilleure prise en charge des lipoprotéines de basse densité (LDL), aussi appelé “mauvais cholestérol”, une nouvelle étude menée par l’université de l’Ohio et publiée dans l’International Journal of Nanomedicine montre qu’une sous-classe particulière de LDL est un bien meilleur prédicateur de crises cardiaques potentielles que la simple présence de LDL dans le sang.

Un résultat erroné “dans les trois quarts des cas”

Actuellement, la seule présence dans le sang de lipoprotéines de basse densité est considérée comme un indicateur du risque potentiel de maladie coronarienne ou d’infarctus du myocarde. Toutefois, plusieurs études ont montré qu’environ 75 % des patients qui souffrent d'une crise cardiaque ont un taux de cholestérol qui n'indique pas un risque élevé d'une telle situation.

Pour les Pr Tadeusz Malinski et Jiangzhou Hua, c’est parce que les taux retenus et analysés ne se concentrent pas sur le véritable facteur de risque. “Notre étude peut expliquer pourquoi une corrélation entre le ‘mauvais’ cholestérol total et le risque de crise cardiaque est faible et dangereusement trompeuse”, explique le Pr Malinski, qui estime que le résultat obtenu est erroné dans “les trois quarts des cas”. “Ces lignes directrices nationales peuvent sérieusement sous-estimer les effets nocifs du cholestérol LDL, en particulier dans les cas où la teneur de la sous-classe B en LDL total est élevée (50 % ou plus)”, poursuit-il.

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont utilisé des nanocapteurs qui ont mesuré la concentration d'oxyde nitrique et de peroxynitrite dans l'endothélium, c’est-à-dire couche la plus interne des vaisseaux sanguins, celle en contact avec le sang, et qui est stimulée par les sous-classes de LDL.

La sous-classe B des LDL est la seule nuisible aux artères

Ils ont alors observé que c’est la sous-classe B des LDL qui s'est avérée la plus nuisible à la fonction endothéliale. Cette sous-classe peut contribuer au développement de l'athérosclérose, une maladie caractérisée par le dépôt d’athérome, une plaque essentiellement composée de lipides sur la paroi des artères. A terme, ces plaques peuvent entraîner la lésion de la paroi artérielle (sclérose), conduire à l’obstruction du vaisseau, ou encore se rompre, avec des conséquences souvent dramatiques.

Les chercheurs insistent donc : ce n'est pas la quantité totale de cholestérol LDL que l'on a, mais plutôt la concentration de la sous-classe B aux deux autres, sous-classe A et sous-classe I, qui devrait être utilisée pour diagnostiquer l'athérosclérose et le risque de crise cardiaque.

“Comprendre cela pourrait permettre d'améliorer l'exactitude du diagnostic pour l'évaluation des taux de maladies cardiovasculaires, affirme le Pr Malinski. L'analyse du mélange de sous-classes de LDL peut fournir un modèle basé sur des paramètres pour un diagnostic médical précoce d'estimation du risque de maladie cardiovasculaire.”