Très à la mode, le régime cétogène, ou keto, est assez controversé. S'il y a quelques mois, des chercheurs de l'Inserm l'ont épinglé pour ses nombreux effets secondaires (migraines, nausées, fatigue et autres, selon eux), plusieurs recherches mettent en avant ses bienfaits. Cette pratique alimentaire qui consiste à réduire l'apport de glucides pour privilégier les lipides serait bénéfique pour ralentir la maladie d’Alzheimer, combattre le diabète de type 2 ou encore les formes résistantes d’épilepsie. D’après une nouvelle étude parue le 15 novembre dans la revue Science Immunology, elle permettrait également de lutter contre la grippe saisonnière, qui tue 290 000 à 650 000 personnes chaque année dans le monde.
Après avoir découvert que le régime cétogène permettait de réduire l’inflammation chez des souris atteintes de la goutte, le professeur Akiko Isawaki de l’école de médecine de Yale (Etats-Unis) a voulu voir s’il pouvait également traiter l’inflammation chez des rongeurs malades de la grippe.
Pendant sept jours, ses collègues et elle ont donc nourri des souris avec un régime cétogène (beaucoup de matières grasses, des protéines en quantité modérée et peu de glucides) et d’autres avec un régime classique. Les chercheurs ont ensuite infecté les animaux avec le virus influenza de type A, responsable des épidémies saisonnières de la grippe. Parmi les nombreux sous-types de virus grippaux A, les sous-types A(H1N1) et A(H3N2) circulent actuellement chez l’homme.
“De nouvelles approches thérapeutiques sont essentielles”
Au terme de l’expérience, ils ont découvert que les souris nourries avec un régime cétogène avaient moins de traces de virus dans les poumons et présentaient un taux de survie supérieur aux autres, qui avaient été nourries avec plus de glucides.
D’après les chercheurs, ce phénomène pourrait s’expliquer car le régime cétogène semble être associé à des concentrations plus élevées de lymphocites T dans les poumons des souris. Or, ces cellules sont considérées comme la première ligne de défense du corps contre les agents pathogènes. On les trouve dans le mucus, substance également essentielle pour se défendre des agressions extérieures car elle est capable de piéger les particules virales et d’empêcher l’infection.
S’il est encore trop tôt pour conclure que ces découvertes seront efficaces pour l’humain chez qui la probabilité de contracter ou de mourir de la grippe dépend de nombreux facteurs, les chercheurs espèrent que leurs résultats conduiront à plus de recherches sur le régime cétogène. “Les infections respiratoires à virus grippal A (IAV) sont une source majeure de morbidité et de mortalité humaines. Dans l'attente d'un vaccin, de nouvelles approches thérapeutiques sont essentielles pour le traitement des maladies de l'influenza” notent-ils.
“Cela ne remplace certainement pas les vaccins”
Et Akiko Iwasaki de conclure : “Le régime Keto pourrait potentiellement aider à lutter contre les infections, mais ne remplace certainement pas les vaccins car ils procurent une immunité forte et spécifique contre la grippe.”
Il y a quelques jours, le laboratoire russe Petrovax a fait beaucoup de bruit à ce sujet. Ses chercheurs ont découvert que l’utilisation d’un adjuvant du nom de bromure d’azoximère avait la capacité de tripler l’efficacité du vaccin contre la grippe.
Mais en attendant d’en savoir plus, face à l’arrivée de l’hiver, les autorités sanitaires françaises encouragent tous les citoyens à aller se faire vacciner contre la grippe avec le sérum actuellement sur le marché dans l’Hexagone. La campagne de vaccination a démarré le 15 octobre et, pour les personnes à risque, il est désormais possible de recevoir l’injection en pharmacie.
Sont concernés les plus de 65 ans, les femmes enceintes, l’entourage familial des nourrissons de moins de six mois, les adultes et les enfants de plus de 6 mois souffrant de certaines maladies chroniques comme le diabète ou l’asthme, les personnes ayant le statut d’affection longue durée (ALD), celles porteuses du VIH ou encore celles atteintes d’obésité.