“Un groupe de gens est en train d’injecter les fruits avec un sang infecté par le VIH/Sida”. Depuis 2016, ce genre d’informations mensongères circulent régulièrement sur les réseaux sociaux, rappelle Le Monde dans un article consacré au sujet paru le 20 novembre. Des vidéos montrant une banane prétendument injectée avec du sang contaminé par du VIH avec pour objectif de “tuer des millions de gens dans le monde” (le Mexique, le Canada, les États-Unis, l’Argentine et le Brésil seraient les pays les plus à risque “en raison des grandes quantités qu’ils achètent régulièrement”) aux photos d’oranges “infectées” venant de Lybie saisies aux douanes algériennes, ces contenus ont été partagés des millions de fois, au risque de convaincre quelques internautes crédules. Au cas où certains d’entre vous s’interrogeraient, scientifiquement, ces informations ne tiennent pas la route.
Rappelons tout d’abord qu’aucun cas d’injection de sang dans les fruits commercialisés n’a été rapporté, note Le Monde. Ces tâches rouges peuvent être dues à un champignon du nom de nigrospora ou à des maladies bactériennes comme le mokillo, la maladie de Moko ou encore la maladie du sang de bananier. Inutile de paniquer, ces maladies sont toutes inoffensives pour les humains.
Qui plus est, si risque de sida il y avait réellement, l’Organisation mondiale de la Santé aurait évidemment alerté sur le sujet. Sur son site, l’OMS rappelle comment le virus du sida s’attrape, et que manger des fruits ne fait pas partie des modes de transmissions. “Le VIH peut se transmettre par le contact étroit et non protégé avec les liquides organiques d’un sujet infecté : sang, lait maternel, sperme et sécrétions vaginales. On ne contracte pas l’infection lors des gestes courants de la vie quotidienne : baisers, étreintes, poignées de mains, partage d’objets personnels, ingestion d’eau ou de nourriture”, est-il ainsi écrit.
Le virus ne sida ne peut se transmettre que d’humain à humain
Quand bien même un aliment aurait été un jour contaminé par le sida, le virus n’y aurait pas survécu. Lorsqu’il n’est plus à 37 °C et dans son cocon liquide, ce dernier est particulièrement fragile. “Le virus vit à l’intérieur de certaines cellules du corps, qui sont présentes dans le sang et les secrétions sexuelles (sperme, sécrétions vaginales…). C’est un virus qui ne peut se transmettre que d’un être humain à un autre être humain”, explique l’association Sida Info Service.
C’est en 2016 que les intox sur les “fruits porteurs de sida” ont commencé à circuler, mais la rumeur est vraiment devenue virale quand un message racontant l’histoire d’une femme ayant acheté des “bananes au sang contaminé” dans la province canadienne d’Alberta a été diffusé sur Twitter accompagné de photos des fruits incriminés.
“Heureusement qu'elle ne les a pas données à ses enfants parce qu'ils auraient eu le sida. Car plusieurs cas de ce genre ont été signalés aux Etats-Unis et au Canada dernièrement (…) La raison pour laquelle je partage ce message est pour protéger mes concitoyens canadiens et j’espère que cela atteindra les gens aux Etats-Unis et dans le reste du monde. Je vous conseille d’arrêter d’acheter des bananes pour plus de sûreté. Et si vous le faites quand même, pensez bien à surveiller d’éventuelles couleurs inhabituelles, surtout le rouge…”. En quelques heures, le message avait été relayé plusieurs dizaines de milliers de fois accompagné de commentaires tels que “Prenez garde et soyez prudents. SVP partagez ce post et sauvez des vies.”