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Etudes de médecine

Un médecin dénonce “l'entrave à la liberté d'enseigner”

Par Thierry Borsa

Blanchi à l'issue d'une enquête administrative après avoir été accusé de propos “sexistes et homophobes” durant son cours de Sciences Humaines à la faculté de Médecine de Lyon, le Professeur Gilles Freyer revient sur cette affaire à travers un livre qui vient d'être publié.

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C’est un débat de société qui vient percuter le monde de la santé. La liberté d’expression serait-elle aujourd’hui, en France, menacée ? Le 4 novembre 2019, un collectif d’universitaires publiait dans le journal Le Monde une tribune appelant à “préserver la liberté académique”. Parmi ses signataires, de grands intellectuels peu suspects de complaisance vis-à-vis de propos extrémistes, Pierre Nora et Marcel Gauchet. A l’origine de cette tribune, l’annulation “pour préserver l’ordre public” d’une conférence de la philosophe Sylviane Agasinski, conférence menacée d’être gravement perturbée par ses contradicteurs sur le sujet de l’extension de la PMA adoptée dans le cadre de la loi bioéthique et à laquelle elle s’oppose.

“Les universités ne doivent pas être monopolisées par les adeptes de l’obscurantisme”, dénonçaient les signataires du texte publié par Le Monde. Aujourd’hui, un médecin, le professeur Gilles Freyer, cancérologue aux Hospices Civils de Lyon, rejoint cette croisade contre ce que certains appellent la “dictature de la bien-pensance” qui imposerait sa loi sur les sujets de politique, de société et même sur…  l’impertinence des humoristes.

Des propos tenus lors d'un cours de sciences humaines

Au printemps 2019, à la suite de paroles prononcées lors d’un cours de science humaines devant les étudiants en première année d’études médicales de Lyon, Gilles Freyer a été accusé par un média local de “propos sexistes et homophobes”, accusation qui s’est vite étendue à une suspicion de “racisme”.

L’affaire a donné lieu à une saisine, par la ministre de l’Enseignement supérieur, de l’inspection générale de l’administration de l’Education nationale et de la Recherche. Depuis, Gilles Freyer a été blanchi des accusations dont il était l’objet à la suite de cette enquête administrative.

Mais le cancérologue ne veut pas en rester là. Il vient de publier un livre pour dénoncer à son tour “l’obscurantisme progressiste” dont il affirme avoir été victime. “Il m’a fallu attendre l’âge de 51 ans pour devenir un salaud”, écrit-il dès les premières lignes de cet ouvrage dans lequel il fait le parallèle entre sa place dans cette affaire et le personnage du Procès, de Franz Kafka, innocent qui ne sait pas ce dont on l’accuse mais qui finit par accepter la nécessité de … s’en défendre.

"Mes cours sont une dénonciation du racisme"

Et Gilles Freyer d’avancer les arguments de sa défense. Sexiste ? “Je soigne des cancers féminins (Gille Freyer est un spécialiste reconnu du cancer du sein, NDLR), mes patients sont à 80% des femmes, ce serait curieux pour un sexiste et un misogyne !”, s’indigne-t-il en ajoutant que “la négation de la différence entre les sexes est un mauvais moyen d’éradiquer le sexisme”. Raciste ? “Vous ne pouvez pas tenir des propos racistes quand fondamentalement vous n’êtes pas raciste, je ne crois pas à une hiérarchie des races, mes cours sont essentiellement une dénonciation du racisme”, réplique le cancérologue.

S’il reconnait être désormais plus mesuré dans ses exposés face aux étudiants en première année d’études de médecine, il attend de la publication de son livre qu’elle “suscite une levée de bouclier” contre ce qu’il appelle “le camp du bien, qui ne débat pas mais abat”: “La liberté est en train de mourir, mais je ne renonce pas, j’espère !”.

“Dénoncer et bannir ou l’Obscurantisme progressiste”, par Gilles Freyer, Editions Jacques André.