La rougeole pourrait être à l’origine du drame. Un bébé de dix mois est mort mardi 26 novembre au service des urgences de l’hôpital Saint-Esprit, à Agen (Lot-et-Garonne). “Des investigations sont en cours pour déterminer les causes exactes de la mort”, a indiqué la direction de l’hôpital dans un communiqué. L’enfant avait été pris en charge pour une suspicion de rougeole, infection virale éruptive aigüe qui touche surtout les enfants à partir de l’âge de cinq-six mois et les jeunes adultes.
“Le 23 novembre 2019, un enfant de 10 mois a été pris en charge dans le service des urgences pour une suspicion de rougeole. Toutes les mesures curatives et préventives ont été immédiatement mises en place, pour lui et sa famille, par les professionnels l’ayant pris en charge”, explique le communiqué. “L’Agence régionale de santé a été prévenue par le Centre hospitalier. L’enfant a pu regagner son domicile le jour même avec le traitement adapté”, est-il précisé.
Puis, trois jours plus tard, “les parents de l’enfant se sont présentés spontanément aux urgences suite à une détérioration de l’état général du nourrisson qui a donc immédiatement été pris en charge par nos équipes médicales. Malgré l’ensemble des soins mis en oeuvre par les professionnels des urgences, de la pédiatrie et de réanimation, le décès de l’enfant a été constaté”, conclut l’hôpital où une cellule de crise a été mise en place.
Améliorer la couverture vaccinale
Ce drame rappelle l’importance de la vaccination contre la rougeole. Cet été, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) alertait contre la recrudescence de cette maladie dans le monde. Selon elle, les cas de rougeole ont triplé aux quatre coins du globe depuis le début de l’année, avec 364 808 cas diagnostiqués entre le 1er janvier et le 31 juillet, soit les chiffres plus élevés enregistrés depuis treize ans.
“La reprise de la transmission de la rougeole est préoccupante. Si l’on ne parvient pas à une couverture vaccinale élevée et durable dans chaque communauté, tant les enfants que les adultes en pâtiront inutilement et pour certains auront une mort tragique”, mettait donc en garde Günter Pfaff, président de la Commission régionale de vérification de l’élimination de la rougeole et de la rubéole.
A cette date, en France (où trois personnes, des adultes, sont mortes de la rougeole, en 2018), on comptait pas moins de 2 381 cas depuis le début de l’année. Mais la rougeole étant depuis le 1er janvier 2018 dans la liste des vaccinations obligatoires pour les enfants, le pic épidémique est passé chez nous et le nombre de cas diminue, selon Santé publique France.
Un virus qui élimine entre 11 et 73% des anticorps chez les enfants
Il y a quelques semaines, une étude parue dans la revue Science, montrait comment le virus de la rougeole attaque le système immunitaire. Extrêmement contagieuse, la maladie infecte les voies respiratoires puis se propage à tout l’organisme. La période de propagation du virus commence 2 à 6 jours avant l'apparition de l'éruption cutanée. L'affliction se transmet habituellement par contact direct ou par l’air. Le risque diminue toutefois à partir du deuxième jour suivant l'apparition de l'éruption. Chez les jeunes enfants, il arrive que des complications surviennent, comme des encéphalites qui peuvent avoir séquelles très graves, voire entraîner la mort.
Lors de leurs travaux, les chercheurs ont constaté que la rougeole éliminait entre 11 et 73% de ces anticorps protecteurs chez les petits. Le virus “remet à zéro votre système immunitaire et le fait revenir à un état plus naïf”, explique l’épidémiologiste Michael Mina, co-auteur de l’étude. Le mécanisme est le même que pour le virus du Sida, mais le système immunitaire est attaqué plus vite. Pour espérer un retour à la normale, il faut que les anticorps soient ré-infectés par les pathogènes, comme les nouveaux-nés qui prennent beaucoup de risques dans les premières années de leur vie”, ajoute-il, insistant donc sur la nécessité du vaccin.