On pourrait croire que c’est de l’histoire ancienne, et pourtant. Depuis quelques années, la syphilis fait son retour en France et en Europe. En 2017, près de 1 800 cas ont été diagnostiqués dans l’Hexagone et 33 000 en Europe, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. Lorsqu’elle est diagnostiquée et prise en charge à temps, cette maladie se soigne très bien. Mais dans le cas contraire, elle peut avoir des conséquences graves et atteindre les reins, les yeux ou encore le système nerveux central.
La méconnaissance des patients en cause
Si la syphilis connaît cette recrudescence sur le territoire, c’est parce que les patients ne la connaissent pas. “Nous avons oublié les modes de contamination par rapport aux types de rapports sexuels, explique le Dr Jean-Marc Bohbot, médecin au centre Alfred Fournier, à Paris. J’ai souvent des patients qui me disent: ‘je protège tous les rapports de pénétration’. Sauf qu’on oublie que la fellation c’est une pénétration comme les autres… Donc on peut attraper toutes les IST (infections sexuellement transmissibles) lors d’une fellation.”
Une maladie très contagieuse
La bactérie responsable de la syphilis, nommée Treponema Pallidum, est extrêmement contagieuse. Cependant, c’est une maladie silencieuse. “La syphilis concrètement provoque des lésions… qui sont indolores!”, précise le Dr Agathe Goubard, directrice de laboratoire de l’Institut Alfred Fournier. De plus, elles peuvent être invisibles, sauf si elles sont situées sur le pénis. Si le chancre est situé sur la bouche ou l’anus, il est difficile à repérer. Le seul moyen de diagnostiquer la maladie est de faire une prise de sang.
Le préservatif est indispensable
Comme pour toutes les IST, le préservatif reste le seul rempart qui existe. Cependant, il a été délaissé ces quelques années, notamment au sein de la communauté LGBT. En effet, huit cas de syphillis sur dix touchent des hommes homosexuels. “Le port du préservatif a été un peu abandonné car le Sida fait moins peur. On a un peu banalisé cette maladie, elle reste grave mais c’est une maladie chronique. Dans l’esprit du public ce n’est plus un danger mortel”, poursuit le Dr Goubard.