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Oeil et cerveau

Dans le ventre, les bébés voient plus que vous ne le pensez

Par Johanna Hébert

Des scientifiques américains ont découvert qu’au deuxième trimestre de grossesse, bien avant que les yeux du bébé puissent voir, ils peuvent détecter la lumière.

Cosmin4000/iStock

La rétine a un rôle plus important que prévu chez le fœtus. En effet, des cellules photosensibles présentes dans cette partie de l’œil auraient un rôle à jouer pendant la grossesse, et bien avant que le bébé puisse voir. Elles permettraient l’apport sanguin à la rétine, l’établissement du rythme circadien et le réflexe de l’œil face à la lumière. Une étude, publiée dans la revue Current Biology, va en ce sens. 

Des cellules qui communiquent en réseau…

Les cellules sensibles à la lumière présentes dans la rétine constituent une fine feuille de tissu cérébral située à l’arrière de l’œil. Au départ, on pensait qu’elles étaient de simples interrupteurs “marche-arrêt”, permettant d’installer le “système de jour”. Mais des chercheurs de l’université de Californie, à Berkeley (Etats-Unis), ont découvert que ces cellules communiquent au sein d’un réseau, qui donne à la rétine une plus grande sensibilité à la lumière. Cette lumière peut, de surcroît, influencer le comportement et le développement du cerveau de manière insoupçonnée. Dans l’œil en développement, 3% des cellules sont sensibles à la lumière. Les chercheurs ont découvert six sous-types de cellules qui communiquent avec divers endroits du cerveau. Certaines parlent par exemple avec le noyau suprachiasmatique pour régler notre horloge interne, notre cycle jour-nuit.

… Et qui ont une influence sur les émotions

Toutefois, certaines cellules communiquent avec des endroits plus surprenants, comme l’amygdale, qui traite les émotions. “Compte tenu de la variété de ces cellules ganglionnaires et de leur projection dans de nombreuses parties différentes du cerveau, je me demande si elles jouent un rôle dans la manière dont la rétine se connecte au cerveau”, s’interroge Marla Feller, professeure de biologie moléculaire et autrice principale de l’étude. “Peut-être pas pour les circuits visuels, mais pour les comportements non-visuels. Non seulement le réflexe de la lumière pupillaire et les rythmes circadiens, mais peut-être aussi expliquer des problèmes comme les migraines provoquées par la lumière, ou pourquoi la luminothérapie agit contre la dépression.” En menant cette étude, les chercheurs ne s’attendaient pas à ce que ce réseau cellulaire fonctionne aussi tôt. “Nous pensions que les souriceaux et le fœtus humain étaient aveugles à ce stade de développement”, concède Marla Feller.