ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Asthme mal contrôlé pendant la grossesse : des risques pour la mère et le bébé

Maladies pulmonaires

Asthme mal contrôlé pendant la grossesse : des risques pour la mère et le bébé

Par Thierry Borsa

L'asthme doit rester contrôlé chez les femmes enceintes. Faute de quoi, le risque de prééclampsie est élevé pour la mère et celui de naître prématurément ou de développer à son tour une maladie respiratoire non négligeable pour le bébé. 

Valerly_G/iStock

Pour les femmes, la grossesse et les crises d'asthme ne font pas bon ménage. Lorsque cette maladie n'est pas bien contrôlée, la maman risque de souffrir de prééclampsie (hypertension artérielle associée à une présence excessive de protéines dans les urines durant la grossesse) et les bébés à naître risquent non seulement de développer eux aussi de l'asthme durant leurs cinq premières années de vie, mais également de naître prématurément, d'avoir un faible poids à la naissance ou d'être victimes d'anomalies congénitales telles qu'une malformation cardiaque ou une fente labiale. Des conséquences qui pourraient être dues à la réduction de l'apport en oxygène de la mère, lié à sa maladie, qui toucherait également le foetus. C'est ce que démontre une étude réalisée par une équipe du centre de recherche de l'hôpital pour enfants d'Ottawa au Canada et publiée dans le European Respiratory Journal.

Cette étude est importante car l'asthme serait la maladie la plus répandue chez les femmes enceintes - elle toucherait entre 8% et 13% d'entre elles - et, surtout, elles seraient nombreuses à diminuer ou cesser leur traitement durant la grossesse, dans la crainte que celui-ci nuise à leur bébé à naître.

Un risque de prééclampsie supérieur de 30%

Des données sur plus de 100 000 grossesses de femmes vivant au Canada ont été étudiées entre avril 2003 et mars 2012, intégrant celles de 2 663 femmes présentant des symptômes graves d'asthme durant leur grossesse (au moins 5 consultations médicales, consultations aux urgences des hôpitaux ou admission à l'hôpital). Les chercheurs ont pris en compte d'autres facteurs pouvant avoir des conséquences sur la santé de la mère ou du bébé, comme l'âge de la mère, son tabagisme et son statut socio-économique. 

Ces travaux ont permis de comparer des femmes enceintes souffrant d'asthme avec des symptômes graves et d'autres femmes dont l'asthme était bien maîtrisé. Le constat a été fait que les premières avaient 30% de plus de risques de souffrir de prééclampsie et 17% d'hypertension artérielle durant leur grossesse. 

Naissance prématurée, poids insuffisant, risque de malformations

Quant aux bébés, ceux dont les mères avaient eu une crise d'asthme durant la grossesse avaient un risque plus élevé de 14% d'avoir un poids insuffisant à la naissance ou de naître prématurément et un risque plus élevé de 21% de présenter une anomalie congénitale. Le risque de ces enfants d'être eux-mêmes asthmatiques était de 23% plus élevé, le risque de pneumonie augmentant, lui, de 12%.

“C'est la plus grande étude sur les risques associés aux symptômes de l'asthme sévère pendant la grossesse et la première à montrer les impacts à long terme pour les enfants. Nos résultats confirment les conclusions d'études plus modestes selon lesquelles un asthme non-contrôlé peut être néfaste pour les mères et leurs bébés”, souligne le Dr Teresa To, chercheur principal de l'étude.