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Technique peu invasive

Parkinson : des impulsions d’ondes ultrasonores pour réduire les tremblements

Par Raphaëlle de Tappie

D'après de nouvelles expériences réalisées aux Etats-Unis, des impulsions d’ondes ultrasonores réduiraient immédiatement et significativement les tremblements des malades de Parkinson. Et ce, sans effet secondaire.

CHINNAPONG/ISTOCK

Dans le monde, 6,3 millions de personnes sont atteintes du trouble neurologique dégénératif et évolutif de Parkinson. Cela en fait la deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente, juste après Alzheimer. Elle se traduit par une perte progressive de neurones entraînant de multiples problèmes moteurs et psychiques, qui s’aggravent au fil du temps. Les malades se plaignent entre autre de fatigue, de somnolences diurnes, de troubles du sommeil, digestifs, sexuels ou encore urinaires. Sont également rapportés une difficulté d’élocution, une grande rigidité musculaire, une bradykinésie (lenteur des mouvements ou absence de mouvement), une instabilité posturale ou encore des tremblements.

Concernant ces derniers, une nouvelle étude pourrait bien aider à améliorer la qualité de vie des malades. D’après des résultats présentés à la 105e assemblée scientifique de la Radiological Society of North America à Chicago, en Illinois, aux Etats-Unis, des impulsions d’ondes ultrasonores peu invasives réduiraient immédiatement et significativement les tremblements des personnes atteintes de Parkinson. Le tout, sans effet secondaire.

Le Dr Federico Bruno, radiologue au Département de biotechnologie et de sciences cliniques appliquées de l'Université de L'Aquila en Italie, et son équipe ont testé la procédure sur 39 patients âgés en moyenne de 64,5 ans. Ces derniers souffraient tous de tremblement invalidants qu’aucun traitement n’avait réussi à calmer. Dans le détail, 21 d’entre eux souffraient de la maladie de Parkinson et 18 d'un "tremblement essentiel" (la cause la plus commune des maladies de mouvements anormaux, sa cause n’est pas établie. On l’appelle également "tremblement familial", "tremblement bénin" ou "tremblement idiopathique"). Enfin, tous présentaient ces symptômes depuis en moyenne plus de 10 ans. 

Une amélioration « substantielle et immédiate » des tremblements

Les chercheurs ont donc testé sur eux des impulsions d’ondes ultra-sonores. Cette technique utilise une technologie d’ultrasons focalisés guidés par raisonnance magnétique (MRgFUS). Elle agit en focalisant les faisceaux d'énergie sonore pour éradiquer une petite partie du thalamus dans le cerveau et fonctionne en soulageant les tremblements du côté opposé du corps au point de traitement.

Après avoir appliqué cette méthode aux volontaires, les chercheurs ont constaté une amélioration "substantielle et immédiate" des tremblements chez 37 participants sur 39. Des résultats donc très prometteurs, se félicitent-ils.

Il avait déjà été démontré que la stimulation cérébrale profonde pouvait aider certains malades de Parkinson. Mais cette technique nécessite une intervention chirurgicale qui consiste à implanter une petite électrode dans le cerveau du patient. Cette dernière est relié à un stimulateur cardiaque dans la poitrine. MRgFUS, quant à elle, ne nécessite pas d'incision et comporte beaucoup moins de risques inhérents (infection ou saignements), notent les chercheurs.

Une technique approuvée par la FDA il y a moins de trois ans 

"Un autre avantage est l'effet immédiat de ce traitement, contrairement à la stimulation cérébrale profonde, qui nécessite une période de rodage pour l'électrostimulation", explique le Dr Bruno. "De plus, le traitement par MRgFUS nécessite une hospitalisation plus courte et est une procédure assez bien tolérée même par les patients les plus fragiles". 

Bien que cette technique soit actuellement disponible pour certains privilégiés, elle n'est disponible que dans quelques lieux. "Peu de patients connaissent cette option de traitement jusqu'à présent, et il n'y a pas beaucoup de centres spécialisés équipés de la technologie requise", explique le Dr Bruno espérant que ces résultats entraîneront le développement de plus de sites MRgFUS.

"L'application clinique de cette technique pour les maladies neurologiques est une nouveauté absolue - son utilisation clinique a été approuvée par la FDA (Food and Drug Administration) il y a moins de 3 ans", développe-t-il. A terme, cette méthode pourrait aider aux traitements de nombreux autres troubles neurologiques et peut-être même des tumeurs cérébrales, avance-t-il.  

En France, on compte plus de 160 000 personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Elle est diagnostiquée en moyenne à 55 ans, et touche 1,5 hommes pour une femme, selon la Fondation pour la recherche médicale. On ignore encore les causes exactes de cette maladie. Certains la développent à cause de la génétique mais le plus souvent, elle se développe de façon aléatoire et n’est pas héréditaire. De nombreux chercheurs commencent toutefois à avancer l'hypothèse d'une origine intestinale...