Le cancer de la prostate est le plus diagnostiqué chez les hommes dans le monde. On estime qu’environ un homme sur sept en sera atteint dans sa vie. Diagnostiqué tôt, ce cancer se soigne très bien et de nombreux malades n’ont même jamais besoin de traitement, leur affliction étant surveillé de loin. A tel point que le taux de survie des hommes atteints de tumeurs de la prostate localisée et détectées précocement atteint presque les 100%. Toutefois, il arrive que la maladie soit diagnostiquée trop tard et que le cancer se soit propagé jusqu’aux os. Auquel cas, elle devient sévère et incurable : le taux de survie à cinq ans n’est que de 29% pour les hommes atteints de métastase osseuses de la prostate. De nouveaux travaux pourraient toutefois aider à mieux venir à bout de cette forme de maladie.
A l’heure actuelle, les métastases lytiques, qui détruisent le tissu osseux, et les métastases blastiques, qui construisent de nouveaux tissus osseux à partir de cellules cancéreuses, sont traitées de la même façon que les cancers de la prostate primaires dont elles sont issuses. Toutefois, d’après une étude parue dans le Journal for Immunotherapy of Cancer, cette manière de procéder serait mauvaise. D’après les chercheurs du Centre sur le cancer l’université du Colorado (Etats-Unis), les thérapies ciblées et les immunothérapies anticancéreuses, peu efficaces contre les cancers primaires de la prostate, pourraient peut-être marcher contre les métastases osseuses, ensemble ou séparément selon leur nature. Les thérapies ciblées sont un type de traitement assez récent, qui s’attaque plus spécifiquement aux cellules cancéreuses en ciblant les anomalies spécifiques au cancer, tout en perturbant moins les cellules normales, tandis que l’immunothérapie stimule le système immunitaire du patient pour renforcer ses défenses contre les cellules cancéreuses
“Nous avons étudié une collection d'échantillons de tissus osseux humains (…), contenant du cancer de la prostate et présentant des caractéristiques de maladie lytique ou blastique”, expliquent les chercheurs. Au cours de leurs travaux, ces derniers ont remarqué que les paysages génétiques et cellulaires de ces deux types de métastases différaient.
Mesurer directement l'immunothérapie dans les métastases osseuses
“J'ai été vraiment choquée par l'augmentation de pSTAT3 (voie de signal génétique) chez les patients blastiques. Je m'attendais à ce que ces lésions (blastiques) productrices d'os aient peu ou pas de cibles spécifiques. Je suis heureuse d'avoir eu tort, car ce sont les lésions les plus courantes chez les patients atteints du cancer de la prostate”, explique Claire Ihle, autrice de l’article.
Et, alors que les cancers primaires de la prostate ont tendance à ne pas provoquer de réponse immunitaire, ils ont remarqué que les métastase blastiques et lytiques présentaient des taux élevés de la protéine PD-L1. Cela pourrait signifier qu’elles sont plus susceptibles de répondre à la classe d'immunothérapie anticancéreuse appelée inhibiteurs aux points de contrôle.
“Nous avons mis au point un test qui permet de mesurer directement l'immunothérapie et les cibles de voie dans les métastases osseuses, explique Philip Owens, premier auteur de l’article. C'est important parce que nous pourrions potentiellement l'utiliser comme test pour déterminer laquelle des nombreuses immunothérapies pourrait être la meilleure pour un patient individuel, une à la fois, et vraiment fournir une thérapie personnalisée. Si j'avais une maladie métastatique osseuse, j'aimerais qu'un service de pathologie sache que l'immunothérapie avec laquelle ils veulent me traiter a un bon niveau de cible dans le tissu qu'ils souhaitent traiter”, poursuit-il.
Nouvelles thérapies et combinaisons de médicaments
Les chercheurs travaillent maintenant à mettre au point des thérapies sur des modèles murins de métastases osseuses lytiques et blastiques. Si tout se passe bien, à terme, cela pourrait ouvrir la voie à de nouvelles thérapies et combinaisons de médicaments pour ces métastases qui font du cancer de la prostate une maladie potentiellement mortelle.
A l’heure actuelle, l’hormonothérapie est le traitement principal du cancer de la prostate métastatique. Elle peut être administrée avec de la radiothérapie ou de la chimiothérapie.
En mai, une étude parue dans le Journal of Clinical Oncology Precision Oncology avait déjà montré que 57% des 3 500 échantillons de tumeurs d'hommes atteints d'un cancer de la prostate avancé présentaient des caractéristiques génomiques indiquant que la maladie pouvait être soignée par thérapie ciblée. “Plus de la moitié des tumeurs des patients de cette étude présentent des caractéristiques pour lesquelles il existe des cibles médicamenteuses. Ces résultats fournissent des informations essentielles sur la manière dont nous pouvons concevoir de nouveaux essais cliniques ou médicaments qui permettront de mieux traiter les hommes atteints de cancer de la prostate avancé”, notaient les chercheurs.