L'endométriose est une maladie chronique encore méconnue qui toucherait une femme sur dix dans le monde, selon les chiffres de l’Inserm. Si cette maladie et le nombre de personnes qui en souffre reste difficile à appréhender pour le corps médical, c’est parce qu’il n’existe pas de techniques de dépistage pour la population générale. Les symptômes de l’endométriose se définissent principalement grâce à la douleur (règles douloureuses, rapports sexuels douloureux, douleur au moment d’uriner ou de déféquer, douleurs pelviennes irradiant jusque dans les jambes, etc.) et à l’infertilité. Ces douleurs peuvent être chroniques ou périodique, tout comme la maladie peut chez certaines être asymptomatique.
Une nouvelle étude, faites par des chercheurs de l’université d’Edimbourg (Ecosse), suggère qu’il serait possible d’atténuer les symptômes de l’endométriose grâce à des médicaments anticancéreux. Leur recherche a été financée par l'organisation caritative Wellbeing of Women, soutenue par PwC et le Medical Research Council UK, et les résultats de leurs travaux ont été publiés au mois de novembre dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.
Une paroi différente
L’endométriose se caractérise par la présence de tissus de l’endomètre, qui compose la muqueuse de l’utérus, en dehors de la cavité utérine. Ce tissu endrométrial mal placé engendre des lésions là où il se trouve, ce qui créé les douleurs auxquelles certaines femmes sont sujettes.
Pour leur étude, les chercheurs se sont intéressés à la structure cellulaire du tissus endométrial. Ils se sont aperçus que les cellules de la paroi pelvienne des femmes atteintes d'endométriose ont un métabolisme différent de celui des autres femmes. Leurs cellules produisent des quantités plus élevées de lactate, ce qui est semblable au comportement des cellules cancéreuses. Les cellules de femmes atteintes d'endométriose ont retrouvé un comportement métabolique normal lorsqu'elles ont été traitées au dichloroacétate. Cet ion inhibe la production de lactate et réduit la croissance des cellules endométriales se développant avec les cellules pelviennes. Enfin, les scientifiques ont remarqué une réduction des concentrations de lactate et de la taille des lésions après sept jours lors de tests supplémentaires effectués sur un modèle murin d'endométriose.
Actuellement, les traitements disponibles sont soit hormonaux, et peuvent produire des effets secondaires désagréables, soit chirurgicaux, ce qui laisse réapparaître les lésions cinq ans plus tard, dans la moitié des cas. Cette nouvelle découverte pourrait améliorer la prise en charge de l'endométriose chez les femmes qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas prendre de traitements hormonaux, voire qui redoute une récidive après la chirurgie.
Un essai clinique préliminaire pour confirmer ces conclusions
Pour le professeur Andrew Horne, chercheur principal au MRC Centre for Reproductive Health de l'université d'Édimbourg, “l’endométriose change la vie de tant de femmes. Maintenant que nous comprenons mieux le métabolisme des cellules chez les femmes atteintes d'endométriose, nous pouvons travailler à développer un traitement non-hormonal. Grâce à un essai clinique avec du dichloroacétate, nous devrions être en mesure de voir si les conditions que nous avons observées en laboratoire se reproduisent chez les femmes.”
Janet Lindsay, directrice générale de l’association caritative Wellbeing for Women, ajoute : “Plus de 176 millions de femmes souffrent d'endométriose, mais peu de gens en ont entendu parler. Le traitement actuel, qui peut avoir des conséquences sur la fertilité, a très peu progressé depuis plus de 40 ans. C'est pourquoi nous sommes si enthousiasmés par les résultats de cette recherche que Wellbeing of Women a financée et qui pourrait jeter les bases du premier traitement non-hormonal offrant aux femmes une option qui changera leur vie. Nous sommes ravis que le traitement du professeur Andrew Horne, qui est en cours d'essai clinique, puisse avoir une influence énorme sur la vie de tant de femmes.”