L’appel de l’Association des Victimes d'Embolie Pulmonaire et AVC (Avep) dus à la pilule a été entendu. Il y a un mois, cette association alertait sur les cas de deux femmes victimes d’un accident rare : leur implant contraceptif avait migré dans leur système sanguin, puis dans leurs artères pulmonaires.
Dans un communiqué daté du vendredi 6 décembre, l’Agence nationale de Sécurité du médicament a appelé les professionnels de santé à la vigilance quant à la pose de ces implants contraceptifs. Chaque année, 20 000 femmes choisissent ce moyen de contraception qui pourrait accroître le risque de "lésions neuro-vasculaires (…) et de migration dans les vaisseaux sanguins et le thorax", qui peuvent alors nécessiter une chirurgie lourde. Pour l’heure, seuls les implants de la marque Nexplanon sont concernés par l’alerte. Et pour cause : ils sont les seuls à être commercialisés dans l’Hexagone.
30 migrations d’implants recensées depuis 2001
Cette alerte sur la migration des implants contraceptifs Nexplanon n’est pas nouvelle. Déjà en 2016, "les premiers signalements de pharmacovigilance sur la migration de cet implant, notamment dans l’artère pulmonaire, ont conduit à la mise en place de plusieurs mesures de réduction de ce risque au plan national et européen", rappelle l’ANSM. L’agence sanitaire avait ainsi appelé les professionnels de santé à se former et au retrait de ce type d’implant. Depuis 2001, trente femmes ont été victimes de migration d’implant contraceptif. L’Avep en dénombre quant à elle trois rien que pour 2019.
En février 2019, "deux enquêtes de pharmacovigilance portant sur le risque de migration dans l’artère pulmonaire et de lésions neuro-vasculaires au site d’insertion ont montré qu’en dépit de ces mesures le nombre de signalements de migration dans l’artère pulmonaire en 2017 était d’environ 3,17 pour 100 000 insertions", précise par ailleurs l’ANSM.
Une vérification par palpation deux fois par mois
À quoi est due la migration de ces implants dans l’organisme des victimes ? L’Agence nationale de santé avance que l’une des causes "pourrait être une insertion trop profonde au moment de la pose, conduisant au positionnement de l’implant directement dans un vaisseau sanguin. Une autre hypothèse serait que la migration survient à distance de la pose, à la suite d’un choc ou à la répétition de certains mouvements. Une particularité anatomique n’est pas non plus exclue".
En attendant des investigations plus poussées sur les causes de migration d’implants contraceptifs, l’ASM invite les femmes qui en sont porteuses "à s’assurer par une palpation délicate qu’il est bien en place. Dans le cas contraire une consultation médicale doit être programmée".
Elle précise aussi que "les femmes se verront remettre au moment de la pose de l'implant, une carte patiente complémentaire à la notice, les invitant à vérifier une à deux fois par mois la présence de l'implant et à contacter rapidement leur médecin ou leur sage-femme si elles ne le repèrent plus au toucher".