On savait déjà que nos téléphones portables, nos machines à laver, nos claviers d’ordinateurs pouvaient, s’ils n’étaient pas régulièrement nettoyés, devenir de véritables nids à bactéries.
Une nouvelle étude menée par des chercheurs de la School of Life and Health Sciences de l'Université Aston de Birmingham, au Royaume-Uni, montre que la majorité des produits de maquillage que nous appliquons chaque jour sur notre visage, ainsi que les éponges cosmétiques non nettoyées étaient contaminés par des super bactéries potentiellement mortelles qui peuvent causer des infections de la peau et des yeux, voire un empoisonnement du sang chez les personnes immunodéprimées. Leurs travaux sont publiés dans le Journal of Applied Microbiology.
Jusqu’à 90% des produits cosmétiques contaminés
Dans le cadre de leur étude, les chercheurs ont analysé des échantillons de 467 produits de beauté donnés par des utilisateurs britanniques. Ces produits comprenaient 96 rouges à lèvres, 92 eye-liners, 93 mascaras, 107 lip gloss et 79 beauty blenders, ces éponges à maquillage en forme d’œuf que l’on utilise pour appliquer du fond de teint ou de l’anti-cernes.
Les tests ont révélé que 70 à 90% des produits étaient contaminés par des bactéries, principalement S. aureus, E. coli et Citrobacter freundii, qui peuvent notamment causer des infections cutanées, des intoxications alimentaires ou encore des infections des voies urinaires.
Si les rouges à lèvres et les lip gloss présentent le taux de contamination le plus faible, les résultats montrent que les eyeliners sont particulièrement touchés par ces bactéries nocives, notamment des entérobactériacées.
"Nous avons constaté que la majorité des contaminants étaient des staphylocoques/micrococcies. Des entérobactéries ont également été détectées dans tous les types de produits, avec une prévalence particulièrement élevée dans les beauty blenders (26,58%)", écrivent les chercheurs dans leur étude.
Les beauty blenders, nids à bactéries
D’après les résultats, ce sont d’ailleurs ces éponges cosmétiques qui semblent contenir la majorité des bactéries les plus nocives. La majorité de celles testées (93%) n’ont d’ailleurs jamais été nettoyées et 64,4% sont tombées sur le sol à un moment donné pendant leur utilisation. Elles sont aussi particulièrement sensibles à la contamination car elles sont souvent laissées humides après utilisation, ce qui crée un terrain propice à la prolifération de bactéries nocives.
"Les mauvaises pratiques d'hygiène des consommateurs en matière d'utilisation du maquillage, en particulier des mixeurs de beauté, sont très inquiétantes si l'on considère que l'on a trouvé des bactéries comme E. coli - qui est liée à la contamination fécale - dans les résultats", explique le Dr Amreen Bashir, auteur principal des travaux.
Sensibiliser les consommatrices
Pour les chercheurs, ces résultats révèlent que les consommatrices s’exposent souvent involontairement à des risques pour leur santé et que les fabricants et les organismes de réglementation devraient faire davantage pour protéger leurs clientes en accordant plus d'importance aux dates d'expiration et aux exigences de nettoyage sur les emballages.
Dans l’Union européenne, les marques de maquillage doivent se plier à des normes d'hygiène strictes de fabrication et stipulent que E.coli, en particulier, ne doit être présent dans aucune concentration de nouveaux produits cosmétiques. Toutefois, la protection des consommateurs est actuellement limitée en ce qui concerne les risques de contamination des produits déjà utilisés.
"Il faut faire davantage pour sensibiliser les consommateurs et l'ensemble de l'industrie du maquillage à la nécessité de laver régulièrement et de sécher à fond leur beauty blender, ainsi qu'aux risques liés à l'utilisation du maquillage au-delà de sa date d'expiration", conclut le Dr Bashir.