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Pharmacie

Les médicaments seront-ils bientôt vendus à l’unité ?

Par Mégane Fleury

Les députés examinent en ce moment le projet de loi anti-gaspillage. Une proposition est particulièrement débattue : la vente de médicaments à l’unité. 

MJ_Prototype/iStock

La distribution des médicaments pourrait être transformée : les pharmaciens les délivreront peut-être à l’unité à l’avenir. Un amendement à ce sujet est discuté à l’Assemblée nationale, dans le cadre du projet de loi contre le gaspillage. Son application devrait d’abord concerner les antibiotiques. 

10% de médicaments en moins 

En 2017, Emmanuel Macron s’était engagé à développer la vente de médicaments à l’unité lors d’un meeting à Nevers afin de faire des “économies intelligentes”. Entre 2013 et 2017, quatre régions françaises ont expérimenté la mesure. L’Inserm estime que cela a permis de réduire de 10% le volume de médicaments distribués et d’améliorer le suivi de la prescription par les patients, dans le cas des antibiotiques. En 2013, la ministre de la Santé Marisol Touraine estimait que les Français conservait 1,5 kilo de médicaments non-utilisés dans leur foyer. 

L'amendement présenté à l'Assemblée nationale met en avant l'intérêt de la mesure dans la réduction du gaspillage des médicaments mais aussi pour réduire l'utilisation de plastiques et autres matières d'emballage, qui ne sont pas toujours recyclées. “Les médicaments concernés par cette possibilité seront, dans un premier temps, limités à quelques antibiotiques, pour lesquels l’intérêt d’une dispensation à l’unité est le plus évident”, propose le texte. Ce sera au pharmacien de décider du mode de délivrance des médicaments. 

Une mesure qui divise

D’après Eric Baseilhac, directeur des affaires économiques du Leem, l’organisation professionnelle des laboratoires pharmaceutiques, la mesure ne sera pas efficace. “Il n’y a pas de gaspillage de médicaments parce qu’il y aurait trop de comprimés dans chacune des boîtes qu’on vous délivre en pharmacie, explique-t-il dans une vidéo, il y a du gaspillage des médicaments parce que nous arrêtons nos traitements trop tôt!” Il pointe les risques associés à la manipulation des médicaments. Un avis partagé par l’économiste de la santé Claude Le Pen, interrogé par Pourquoi Docteur en 2013 : “il y a risque de confusion car le conditionnement du médicament à l’unité ne fait pas la différence pour le patient, détaillait-il, le risque est le même pour le pharmacien (...). Ces erreurs qui sont possibles peuvent être dramatiques pour la santé des patients”. Selon le Leem, il faudrait privilégier la juste prescription et mieux accompagner les patients dans le suivi de leur traitement. 

À Franceinfo, Yorick Berger, de la Chambre syndicale des pharmaciens de Paris, confie ses doutes quant à l'efficacité d'un telle mesure. “À mon sens, il s’agit d’une fausse bonne idée puisque la majorité des traitements sont des traitements chroniques, c’est-à-dire que le patient va les utiliser tout au long de sa vie, analyse-t-il. Donc, si on le donne à l’unité, aucun intérêt puisque le mois suivant il va en reprendre, donc la boîte sera de toute façon finie le mois d’après.”

Près de 50 boîtes de médicaments pour un Français chaque année 

La mesure devrait entrer en vigueur au plus tard le 1er janvier 2022. D’après l’Agence nationale de sécurité du médicament, chaque Français a consommé environ 48 boîtes de médicaments en 2013. Chaque année, plus de trois milliards de boîtes seraient vendues.