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Cancers : les enfants nés d'un transfert d'embryons congelés plus à risque

Les enfants nés d’embryons congelés utilisés pendant la fécondation in vitro (FIV) auraient un peu plus de risques que les autres de développer certains cancers.   

Cancers : les enfants nés d'un transfert d'embryons congelés plus à risque MassimoVernicesole/iStock




Le Danemark est l’un des pays avec le taux de technologie de procréation assistée les plus élevés au monde. En 2018, dans le pays, 9,8% des nouveau-nés ont été conçus avec des traitements de fertilité. Face à ce chiffre important, des chercheurs ont voulu savoir si ces techniques pouvaient avoir un impact négatif sur la santé à long terme des enfants. D’après une étude parue le 3 décembre dans le JAMA Network, les enfants nés d’embryons congelés utilisés pendant la fécondation in vitro (FIV) ont un peu plus de risques que les autres de développer certains cancers.   

Pour en arriver à cette conclusion, l’équipe de Marie Hargreave, directrice de l'étude au Centre de recherche de la Société danoise du cancer, à Copenhague a examiné les registres nationaux des naissances, des décès et des dossiers médicaux entre 1996 et 2012. Les chercheurs ont ainsi pu constater que l’incidence du cancer infantile chez les enfants nés de femmes n’ayant jamais eu de problème de fertilité était de 17,5 pour 100 000 contre 44,4 pour 100 000 chez ceux nés après un transfert d’embryons congelés. Le risque est donc 2,43 plus élevé, note l’étude. Les risques étaient notamment plus élevés en ce qui concerne la leucémie, cancer du sang, et le neuroblastome, un type de cancer du cerveau. 

Les scientifiques n’ont en revanche pas observé de risques accrus de cancer chez les enfants conçus à l’aide d’autres techniques de procréation assistée. “Nous n'avons pas trouvé de risques accrus avec d'autres types de traitements de fertilité”, déclare donc Marie Hargreave. Désormais, cette dernière appelle à plus de recherches pour valider les conclusions de son étude. De plus, “il est important de souligner le fait que le risque accru est très faible pour l'individu car les cancers infantiles sont très rares”, note-elle.

Pas de panique

Pour le docteur Alan B. Copperman, directeur de la division d'endocrinologie de la reproduction et de l'infertilité au Mount Sinai Health System de New York (Etats-Unis), ces travaux sont très importants. Mais comme l’étude ne porte que sur une association, “il n'est pas clair si le résultat est lié à l'intervention elle-même ou aux patients qui ont eu besoin de l'intervention”, commente le spécialiste, cité par Reuters.

“Chaque fois qu'un événement rare est étudié dans une grande étude rétrospective, la précision statistique pour en tirer des conclusions précises est limitée”, poursuit-il. Quant aux futurs parents qui s’inquiéteraient, ils peuvent être rassurés, assure-t-il. En effet, “au cours de 12,2 millions d'‘années-personnes’ de suivi, moins de 0,01 % des enfants ont reçu un diagnostic de cancer infantile, que la FIV ait été utilisée ou non pour la conception“, rappelle l’expert. 

Les transferts d'embryons congelés (TEC) se faisant de plus en plus courants dans les pays occidentaux, “c'est quelque chose qui a vraiment besoin de plus d'investigations et d'études de plus grande envergure dans différents pays ", commente quant à elle la docteure Sunita Katari, du Magee Center for Fertility & Reproductive Endocrinology de l'UPMC Magee-Womens Hospital à Pittsburgh, Pennsylvanie (Etats-Unis), également citée par Reuters.  

Une pratique de plus en plus courante

En France la congélation embryonnaire est autorisée depuis 2011. Elle est notamment recommandée aux femmes souffrant du syndrome des ovaires polykistiques qui, en cas de FIV, auraient plus de chances d’obtenir une grossesse avec un embryon congelé qu’avec l’implantation d’un embryon frais. En 2015, les transferts d’embryons congelés avec gamètes et embryons de différentes origines représentaient environ 28 850 tentatives d’assistance médicale à la procréation (AMP). 

Il y a un peu plus d’un an, l’Institut national d’études démographiques indiquait, “en France, en 2018, 1 enfant sur 30 (3,4 %) devrait être conçu grâce à une technique d’AMP qu’il s’agisse d’une FIV ou d’une IA (insémination artificielle)”. “Cependant la FIV domine désormais le paysage de l’assistance médicale, représentant 70 % des enfants conçus par AMP”, précisait l’Ined dans un rapport.

En avril dernier, une étude américaine avait déjà fait le lien entre cancer infantile et FIV. D'après les chercheurs, les enfants conçus à l'aide de cette méthode étaient 28 % plus susceptibles que les autres de recevoir un diagnostic de tumeurs embryonnaires, qui se développent à partir de cellules embryonnaires restant dans le corps après la naissance. Cela s'expliquerait principalement par un taux deux fois plus élevé de tumeurs du foie chez les enfants conçus par FIV.

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