Ils font une grève de la faim et sont installés devant le ministère de la Santé depuis le 5 juin. Les sentinelles de l'Association Entraide aux Malades de Myofasciite à Macrophages (E.3M.) réclament que le seul vaccin sans adjuvant aluminique, le DTPolio, soit remis sur le marché. Une pétition est en ligne. Commercialisé pendant plus de trente ans par Sanofi, la distribution de ce vaccin a été suspendue le 12 juin 2008. Cette décision a été motivée par des raisons de « sécurité sanitaire », du fait d’une « hausse importante d’effets indésirables », déclarait à l'époque Sanofi.
Mais, pour l'association, c'est justement le remplaçant du vaccin qui comporte des effets indésirables. Trois personnes atteintes d'une myofasciite à macrophages associent leur maladie à la présence d'aluminium dans ce vaccin. Ils ont d'ailleurs porté plainte au pénal contre X ce jeudi afin que, « toute la lumière soit faite sur le dysfonctionnement des instances sanitaires ».
Leur maladie a été décrite en 1998 dans The Lancet par le Pr Romain Ghérardi. Elle se caractérise par un épuisement chronique et des douleurs musculaires et articulaires diffuses, des troubles de la concentration et du sommeil. Selon lui, ces symptômes pourraient être liés à la présence d'adjuvants aluminiques dans les vaccins destinés à les rendre plus efficaces. « Chez une majorité de personnes, ces particules d'aluminium sont éliminées de l'organisme rapidement mais chez certaines, elles restent et s'accumulent jusqu'à migrer dans le cerveau au risque de devenir neurotoxique. Il existe sûrement une prédisposition génétique », estimait Romain Ghérardi dans cet article. C'est ainsi qu'à sa demande et celle de l'association E3M, depuis décembre 2012, le ministère de la Santé a décidé de financer des recherches sur le lien entre ce trouble et les vaccins contenant de l'aluminium.
Pourtant tous les spécialistes ne sont pas d'accord sur les dangers liés à ce vaccin,. Une étude conduite par l'Académie National de Médecine par le Pr Pierre Bégué avec l’Agence du médicament n’avait pu conclure en 2004 à la relation entre les signes systémiques et la lésion histologique et ne remettait pas en cause la balance bénéfice-risque des vaccins contenant un adjuvant aluminique.
C'est pourquoi, l’Académie nationale de médecine considère toujours dans un communiqué de 2010 que « rien ne permet, dans l’état actuel des connaissances, d’imputer à cet adjuvant vaccinal, employé depuis de si nombreuses décennies, des troubles systémiques et neurologiques ». L’Académie avertit donc et rappelle que « la peur injustifiée des vaccins, parfois abusivement relayée par les médias, retentit rapidement sur la couverture vaccinale d’une population et la gestion de la vaccination par les praticiens, ce qui serait hautement dommageable pour la prévention des maladies infectieuses que la vaccination généralisée a réussi à contrôler ou même éliminer ».