Une nouvelle étude de l’université de santé publique de Boston (Etats-Unis) révèle que les maladies physiques et les blessures augmentent le risque de suicide chez les hommes, mais pas chez les femmes. Les résultats de cette recherche ont été publiés dans la revue JAMA Psychiatry.
Cette étude, unique en son genre, a utilisé des données sur l'apprentissage automatique et la santé de l'ensemble de la population danoise afin de créer des profils de risque de suicide spécifiques au sexe, en soulignant les facteurs complexes qui peuvent prédire le suicide. Les chercheurs ont égrené une pléthore d'autres idées sur les facteurs complexes qui peuvent augmenter le risque de suicide d'une personne. Cette étude est la première à utiliser des données provenant de l'ensemble de la population danoise, et à les analyser à l'aide d'un système de machine learning (un système d’apprentissage où la machine apprend de ses erreurs, ndlr) dans le but d'identifier les facteurs de risque de suicide.
Les hommes prévisibles face au suicide, pas les femmes
“Le suicide est très difficile à prédire, parce que chaque décès par suicide est le résultat de multiples facteurs de risque en interaction dans la vie d'une personne”, insiste la docteure Jaimie Gradus, professeure agrégée d'épidémiologie à l’université de santé publique de Boston et autrice principale de l’étude. L’intérêt de réaliser cette étude sur le Danemark, est que le pays dispose d'un système national de soins de santé dans lequel toutes les informations de santé de la population sont compilées dans des registres gouvernementaux.
Cet amas d'informations et de statistiques a permis à Jaimie Gradus et à ses collègues d'examiner des milliers de facteurs dans les antécédents médicaux des 14 103 personnes qui se sont suicidées au Danemark entre 1995 et 2015. Dans le même temps, les chercheurs ont analysé les antécédents médicaux de 265 183 autres Danois au cours de la même période, à l'aide d'un système d'apprentissage machine, afin de dégager des tendances.
Les résultats ont confirmé les facteurs de risque déjà identifiés, comme les troubles psychiatriques et les ordonnances connexes, mais les chercheurs ont également découvert de nouveaux facteurs de risque potentiels. En premier lieu, ils se sont aperçus que les diagnostics de santé physique étaient particulièrement importants pour la prédiction du suicide chez les hommes, mais qu’ils n’avaient aucune incidence chez les femmes. Dans un second temps, l’équipe de recherche s’est rendu compte que les diagnostics et les prescriptions quatre ans avant un suicide étaient plus importantes pour la prédiction que les diagnostics et les prescriptions six mois précédant l’acte.
Selon Jaimie Gradus, les résultats de cette étude ne permettent pas de créer un modèle permettant de prédire parfaitement les facteurs de risque de suicide, sachant notamment que les tendances qui poussent au suicide peuvent être différentes en dehors du Danemark. Enfin, selon elle, les résultats indiquent de nouveaux facteurs à prendre en compte pour prévenir ce problème de santé publique persistant.