Le cancer de la thyroïde est le cancer du système endocrinien le plus diagnostiqué au monde. Son incidence a considérablement augmenté au cours des trente dernières années. A l’heure actuelle, pour établir le diagnostic, les médecins réalisent une ponction à l’aiguille fine pour prélever un échantillon du tissu thyroïdien et rechercher les traces d’une éventuelle tumeur. Mais dans un cas sur cinq, cet examen ne permet pas de déterminer si le patient est bien atteint d’un cancer ou pas, ce qui oblige parfois les médecins à réaliser une ablation préventive de la glande thyroïde. Des chercheurs israéliens pourraient toutefois avoir réussi à mettre au point un test qui pourrait changer la donne. D’après leur étude parue dans la revue la revue Cancer Epidemiology, Biomarkers and Prevention, ils auraient développé une “méthode révolutionnaire” pour identifier le cancer de la thyroïde.
Pour mettre au point leur outil, les chercheurs centre médical Hadassah de Jérusalem ont étudié les différentes expressions micro-ARN dans 274 échantillons de nodules thyroïdiens bénins et malins prélevés sur des patients. Ils ont ainsi pu établir un panel de micro-ARN, ce qui leur a permis de comparer des échantillons de cellules nodulaires avec les expressions identifiées.
La glande thyroïde est responsable du métabolisme et de la régulation de la température dans le corps humain. Toutefois, la thyroïde développe souvent de petits nodules ou des grumeaux solides ou remplis de liquides pouvant être cancéreux. “Dans certains cas, une biopsie devrait être effectuée pour déterminer si la masse est bénigne ou maligne”, explique le docteur Haggi Mazeh, auteur principal de l’étude au Jerusalem Post.
“Une percée” scientifique
“Lorsque nous avons vu qu'il était possible de différencier les relations bénignes et malignes, nous avons prélevé des échantillons d'un autre groupe de 35 associations avec une réponse sans équivoque, et nous avons vu que les différences dans l'expression des microARNs étaient capables d'identifier correctement la nature de la relation — si elle est bénigne ou maligne — à 94% de précision”, poursuit-il. Il s'agit d'une percée, puisque ce niveau de précision est plus élevé que les autres tests commerciaux et coûteux disponibles sur le marché aujourd'hui.
Désormais, les scientifiques recherchent un financement pour pouvoir augmenter le nombre d’échantillons testés par rapport au panel de microARN. Ils auraient déjà reçu des appels d’hôpitaux du monde entier souhaitant envoyer leurs échantillons pour analyse.
“Outre les complications potentielles de la chirurgie, l'ablation de la glande thyroïde peut créer une dépendance permanente à l'égard du patient pour ses médicaments, ce qui affecte l'ensemble de son mode de vie (…) Nous espérons faire avancer cette recherche dès que possible, afin de commencer à rendre le test accessible au public et d'aider le plus grand nombre de patients possible”, déclare Mazeh qui espère pouvoir mettre le test à disposition de tous d’ici un an ou deux.
En France, 10 000 nouveaux cancers de la thyroïde par an
En octobre, des scientifiques américains avaient également annoncé avoir réussi à mettre au point une technique plus fiable pour diagnostiquer le cancer de la thyroïde. En prélevant des tissus thyroïdiens de 178 personnes, malades ou non, ils ont réussi à déterminer une empreinte moléculaire de la maladie. Ils ont ensuite testé la validité de leur modèle sur 68 personnes qui avaient déjà été testées à l’aiguille fine. Le taux d’erreur du nouveau test était de 1/10. Les chercheurs doivent toutefois continuer à travailler dessus et prévoient une future étude sur deux ans pour le valider.
En France, le cancer de la thyroïde touche environ 10 000 personnes tous les ans. Le traitement consiste à retirer la thyroïde puis à prendre un traitement pour permettre de maintenir la production d’hormones. Dans 90% des cas, les malades guérissent et ils sont très peu à subir des récidives.