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Nutrition

Comment l'huile de poisson pourrait réduire les inflammations

Par Raphaëlle de Tappie

L'huile de poisson permettrait d'augmenter les niveaux de certaines molécules anti-inflammatoires ayant un effet positif sur les globules blancs et l'inflammation des vaisseaux sanguins. 

batuhan toker/iStock

Ces derniers temps, l’huile de poisson a bonne presse. Récemment, des chercheurs ont notamment démontré qu’un supplément en huile de poisson enrichie augmentait les niveaux sanguins de certaines molécules anti-inflammatoires appelées MPS. Toutefois, la relation entre la prise de suppléments et les niveaux circulants de MPS demeurait floue. Aujourd’hui, dans une étude parue le 12 décembre dans la revue Circulation Research, des chercheurs ont découvert que les MPS ont un effet puissant sur les globules blancs et sur l’inflammation des vaisseaux sanguins. 

Des chercheurs du William Harvey Research Institute de l'université Queen Mary de Londres (Royaume-Uni) ont testé un l’effet d’un supplément d’huile de poisson enrichi chez 22 volontaires âgés de 19 à 37 ans. Ils ont administré trois doses de suppléments d’huile de poisson enrichies à certains et un placebo à d’autres. Ils ont ensuite prélevé des échantillons de sang des participants, cinq fois sur 24 heures.

Les chercheurs ont ainsi découvert que le supplément d’huile de poisson enrichie augmentait les taux sanguins de MPS. Ils ont également remarqué que la supplémentation entraînait une augmentation proportionnelle à la dose des attaques des cellules immunitaires contre les bactéries et une diminution de l’activité cellulaire favorisant la coagulation sanguine. Enfin, ces molécules jouent un rôle dans la régénération tissulaire, notent-ils. 

Un effet bénéfique sur les globules blancs   

“Nous avons utilisé les molécules comme biomarqueurs pour montrer comment les acides gras oméga-3 sont utilisés par notre corps et pour déterminer si la production de ces molécules a un effet bénéfique sur les globules blancs”, explique Jesmond Dalli, professeur de pharmacologie moléculaire à l'Institut William Harvey et auteur principal de l’étude. 

L’inflammation est une réponse de défense du système immunitaire essentielle à la santé. Elle peut être déclenchée par des cellules abîmées, des toxines ou des agents pathogènes comme des bactéries. Certaines des cellules immunitaires actives pendant l’inflammation peuvent aussi endommager les tissus. Une fois la menace passée, il faut donc que l’inflammation disparaisse pour permettre la guérison. En revanche, si elle persiste et devient chronique, cela peut avoir des effets très néfastes pour la santé. Plusieurs études ont par exemple montré un lien entre inflammation et maladies cardiaques.

Désormais, bien que les chercheurs ignorent encore si les MPS réduisent les maladies cardiovasculaires, elles “surchargent les macrophages, des cellules spécialisées qui détruisent les bactéries et éliminent les cellules mortes” et rendent “les plaquettes moins collantes, réduisant potentiellement la formation des caillots sanguins”, assure l’étude.

“Chaque personne aura besoin d’une dose spécifique”

Forts de ces résultats, les scientifiques voudraient mener d’autres études pour voir si les personnes de plus de 45 ans pourraient obtenir les mêmes bénéfices des suppléments d’huile de poisson enrichie que ceux observés chez les jeunes. Car, en comparaison avec les patients en bonne santé, ceux qui souffrent d’inflammation chronique ont des taux plus faibles de MPS. Il s’agira également de vérifier que l’organisme décompose bien les suppléments en molécules protectrices. 

“Nous sommes encore loin d'avoir la formule magique. Chaque personne aura besoin d'une formulation spécifique ou au moins d'une dose spécifique, et c'est quelque chose que nous devons apprendre davantage”, conclut donc Dalli. 

Prudence envers les suppléments non réglementés

Ainsi, il s’agit tout de même d’être prudent. Récemment, l’American Heart Asssociation (AHA) a publié un avis scientifique mettant en garde les consommateurs contre les suppléments non réglementés d’oméga-3.

En France, l’Anses note : “Les acides gras omégas 3 sont nécessaires au développement et au fonctionnement de la rétine, du cerveau et du système nerveux. Des apports suffisants en omégas 3 sont donc primordiaux chez la femme en âge de procréer, chez la femme enceinte, chez la femme allaitante ainsi que chez l’enfant. Dans le domaine cardio-vasculaire, les données scientifiques montrent également que la consommation d'acides gras oméga 3 favorise : une diminution de la pression artérielle chez les personnes présentant une hypertension artérielle ; une diminution de la quantité de triglycérides dans le sang, un type de lipides qui, en cas d'excès, contribue au développement de maladies du cœur ; chez les personnes présentant au préalable des pathologies cardiovasculaires, une réduction de la morbidité et de la mortalité cardiovasculaires”. L’agence rappelle toutefois que pour éviter les maladies cardiovasculaires, il faut avant tout avoir une alimentation diversifiée et équilibrer et pratiquer une activité physique régulière.

Vous trouverez surtout des oméga-3 dans les noix, l’huile de colza, de soja, de lin et dans les poissons gras comme le saumon, le thon, le maquereau, le hareng, la sardine ou encore l’anchois.