Plusieurs études avaient déjà démontré que la pollution de l’air, en particulier celle au dioxyde d’azote, responsable de la formation des particules fines dans l’air ambiant, avait des répercussions sur la santé de la mère et celle son futur enfant. Risque de pré-éclampsie chez la femme enceinte, petit poids du bébé à la naissance, fonctionnement dégradé de ses poumons, troubles neuro-développementaux ou encore risque d’hypertension artérielle sont autant de séquelles pointées par différents travaux scientifiques.
Une nouvelle étude, dirigée par dirigée par le chercheur à l’Inserm, Rémy Slama, au sein de l’Institut pour l’avancée des biosciences et publiée dans Environmental Pollution, démontre que cette pollution aux particules fines a aussi des effets négatifs sur la fertilité féminine en altérant le cycle menstruel.
Une augmentation de durée de la phase folliculaire
Quels sont les effets de la pollution aux particules fines sur le cycle menstruel ? Pour le déterminer, les chercheurs ont réalisé des dosages hormonaux dans les urines de 184 femmes volontaires durant un cycle menstruel complet. Ils ont également mesuré les taux de pollution atmosphérique auxquels elles étaient exposées le mois précédant le début de leur cycle, notamment les particules fines PM10, c’est-à-dire les particules de moins de 10 micromètres, et la concentration de dioxyde d’azote.
Ils ont alors observé une association entre la concentration de particules fines dans l’air et la durée de la phase folliculaire du cycle, c’est-à-dire la phase précédant l’ovulation. Celle-ci a augmenté en moyenne de 0,7 jour pour chaque augmentation moyenne de 10 microgrammes par mètre cube de concentration en dioxyde d’azote. Chaque augmentation moyenne de particules fines par mètre cube de concentration allonge quant à elle en moyenne de 1,6 jour la phase folliculaire du cycle. La durée de la phase lutéale, qui suit l’ovulation, n’augmente en revanche pas, tout comme la durée totale du cycle menstruel.
Une influence sur la fécondité
“Ces résultats sont cohérents avec les données plus fondamentales suggérant que la pollution atmosphérique peut perturber l'axe qui contrôle le cycle menstruel, et les hormones de stress comme le cortisol, qui peuvent l'influencer”, explique le chercheur Rémy Slama dans un communiqué.
Mais ce dernier préfère prévenir : “Il s'agit de travaux originaux qui génèrent une hypothèse nouvelle. Il faudra probablement un certain temps pour l'infirmer ou la confirmer sur de plus grands échantillons de population, étant donné le coût et l'effort que représentent de telles études”. Toutefois, les auteurs des travaux affirment que les conclusions auxquelles ils sont parvenus confirme les résultats des “quelques études qui suggéraient que l’exposition des adultes aux polluants atmosphériques pourrait avoir un impact sur la fécondité.”