Renforcer le rôle conseil du pharmacien. Afin d’éviter une surconsommation potentiellement dangereuse, l’aspirine, le Doliprane (paracétamol) ou encore l’Advil (ibuprofène), seront obligatoirement rangés derrière le comptoir des pharmacies à partir du 15 janvier 2020 et non plus en accès libre dans les rayons, a annoncé l’Agence du médicament (ANSM) ce mardi 17 décembre. “Cette mesure s'inscrit dans la continuité des actions menées par l'Agence pour sécuriser l'utilisation de ces médicaments, notamment l'arrivée dans les prochains mois d'un message sur les boîtes des médicaments contenant du paracétamol afin d'alerter sur le risque pour le foie en cas de surdosage”, note l’agence dans un communiqué paru sur son site.
Jusqu’à présent, les clients pouvaient se servir eux-mêmes dans les rayons de la pharmacie. Ces médicaments étaient alors les plus utilisés en auto-médication pour soulager les douleurs chroniques ou la fièvre chez les adultes mais également les enfants. Mais s’ils “sont sûrs et efficaces lorsqu’ils sont correctement utilisés”, ils “présentent des risques lors d’une utilisation inadéquate”, alerte l’ANSM.
“Si le patient se présente devant le pharmacien en lui parlant d'un certain type de douleurs, là le pharmacien pourra lui conseiller du paracétamol plutôt que l'ibuprofène. À partir du moment où les médicaments ne seront plus accessibles directement dans les rayons de la pharmacie, mais qu'il faudra les demander, le rôle de conseil du pharmacien sera renforcé”, expliquait le docteur Philippe Vella, directeur des médicaments antalgiques à l’ANSM, à Franceinfo en octobre.
Alerter les populations particulières
Trop consommer du paracétamol peut provoquer de graves lésions du foie, ce qui peut nécessiter une greffe ou même entraîner la mort. Pour un adulte en bonne santé de plus de 50 kilos, la dose maximale est de 3 grammes par 24 heures, soit 1 gramme par prise, avec un espace d'au moins 6 heures entre chaque prise, rappelle l’ANSM. Quant à la durée maximale du traitement recommandée, elle est de “3 jours en cas de fièvre, 5 jours en cas de douleur, en l'absence d'ordonnance.”
Pour alerter les populations particulières (50kg, insuffisance hépatique légère à modérée, insuffisance rénale sévère, alcoolisme chronique…) des possibles risques liés à ce produit, l’agence a décidé en juillet que l’avertissement l'avertissement “surdosage = danger” devrait désormais être inscrite sur les boîtes de paracétamol.
De nombreux effets secondaires
Quant à l’aspirine, que de nombreux seniors prennent quotidiennement sans autorisation de leur médecin pour empêcher un infarctus, plusieurs travaux ont montré qu’elle n’était pas non plus sans risques. D’après une étude parue cet été dans la revue Annals of Internal Medicine, non seulement en consommer tous les jours serait inutile pour lutter contre les maladies cardiaques chez les personnes sans antécédents, mais cela augmenterait les risques de faire un ulcère.
En ce qui concerne l’Advil-ibuprofène, prescrit ou pris en automédication en cas de fièvre, d’atteintes cutanées d’aspect inflammatoire ou de troubles pulmonaires, ce médicament aurait entraîné 337 cas de complications infectieuses depuis l’année 2000.
Dans un rapport paru au mois d’avril, l’ANSM évoque des “infections sévères de la peau et des tissus mous (dermohypodermites, fasciites nécrosantes…), de sepsis, d’infections pleuro-pulmonaires (pneumonies compliquées d’abcès, de pleurésie), d’infections neurologiques (empyèmes, abcès cérébraux…) ou ORL compliquées (cellulites, médiastinites...), à l’origine d’hospitalisations, de séquelles voire de décès.”