Le surpoids et l’obésité ne sont plus l’apanage des pays à haut revenu, loin de là. Dans un rapport publié lundi 16 décembre dans la revue The Lancet, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pointe le “double fardeau de la malnutrition” que connaissent simultanément “plus d’un tiers des pays à revenu faible ou moyen”, à savoir 48 pays sur 126.
En octobre dernier, un rapport de l’Unicef portant uniquement sur la malnutrition infantile avait dressé un constat similaire. “Nous faisons face à une nouvelle réalité en matière de nutrition. Il n'est plus pertinent d'associer pays pauvres avec sous-nutrition et pays riches avec obésité”, explique ainsi dans un communiqué le docteur Francesco Branca, directeur du département Nutrition pour la santé et le développement de l’OMS et auteur principal du rapport.
Une alimentation insuffisante ou de mauvaise qualité
Comment expliquer cette explosion de l’obésité et de la sous-alimentation au niveau mondial ? Pour l’auteur du rapport, “toutes les formes de malnutrition ont un dénominateur commun, à savoir des systèmes alimentaires qui ne fournissent pas aux personnes une alimentation saine, sûre, durable et à un prix abordable.”
Elle est aussi liée selon le rapport de l’OMS à la transition alimentaire rapide que connaissent les pays à revenu faible ou moyen. Leurs habitants doivent alors faire face à deux problèmes majeurs : soit ils n’ont pas accès à un nombre de calories suffisants, soit l’alimentation qui est à leur disposition est de mauvaise qualité.
“La nouvelle réalité en matière de nutrition est dictée par des changements au niveau des systèmes alimentaires qui ont facilité l’accès aux aliments ultra-transformés (…). Parmi ces changements, on compte la disparition des marchés de produits frais, la multiplication des supermarchés et le contrôle accru exercé sur la chaîne alimentaire par les supermarchés et les entreprises alimentaires, agricoles et de restauration dans de nombreux pays du monde”, écrit le professeur Barry Popkin de l’université de Caroline-du-Nord, qui a participé à l’élaboration du rapport de l’OMS.
Créer des “changements systémiques” pour éradiquer la malnutrition
Selon ses estimations, près de 2,3 milliards d’enfants et d’adultes sont en surpoids dans le monde, et plus de 150 millions d’enfants présentent un retard de croissance. “Cependant, dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, ces problèmes émergents coexistent chez une même personne ou au sein d’une famille, d’une communauté ou d’un pays”. Par ailleurs, ces régimes alimentaires déséquilibrés sont à l’origine d’une mort d’adulte sur cinq (22%) dans le monde.
Pour les auteurs du rapport, il est urgent de “créer les changements systémiques nécessaires pour mettre fin à la malnutrition sous toutes ses formes”. C’est pourquoi ils en appellent aux gouvernements, à l’ONU, mais aussi à la société civile, aux universitaires ou encore aux médias à œuvrer pour “de nouvelles politiques pour les systèmes agricoles et alimentaires dont le principal objectif est l’alimentation saine.”