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Encéphalopathie spongiforme bovine

Vache folle : des chercheurs ont trouvé l'origine de la maladie

Par Raphaëlle de Tappie

En étudiant les prions, des chercheurs toulousains ont identifié l'origine de l'encéphalopathie spongiforme bovine, plus connue sous le nom de “vache folle”. Ils alertent alors sur le possible retour de la maladie. 

Serge Laroche/Flickr

L’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), plus connue sous le nom de « maladie de la vache folle », est une infection dégénérative du système nerveux central des bovins. La maladie est apparue dans les années 1980 au Royaume-Uni avant de se propager dans toute l’Europe et en Amérique du Nord dans les années 90. Aujourd’hui, des chercheurs toulousains ont trouvé l’origine possible de cette maladie et alertent sur un éventuel retour de cette dernière. Les résultats de cette étude sont parus lundi 16 décembre dans la revue Nature Communications.

Pour leurs travaux, des chercheurs de l’Inra et l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse ont travaillé avec des prions. Il s’agit de protéines qui peuvent devenir pathogènes en adoptant une forme anormale, différente selon chaque espèce. Plus spécifiquement, ils ont utilisé le prion à l’origine du tremblement du mouton et l’ont injecté à des souris génétiquement modifiées pour fabriquer le prion d’origine bovine.

Résultat de l’expérience : dans 95% des cas, les rongeurs ont alors développé l’encéphalopathie spongiforme bovine. Ces souris génétiquement modifiées sont “un très bon modèle, qui fonctionne bien pour savoir ce qui se passerait si on exposait des vaches à ces prions-là”, explique Olivier Andreoletti, chercheur l’Inra, qui a dirigé l'étude. 

“Aujourd’hui, la chaîne alimentaire est protégée”

“Pour la première fois, ces données apportent une explication expérimentalement étayée à l'apparition" de la vache folle au milieu des années 1980 au Royaume-Uni, développe l’Inra dans un communiqué. L'ESB s'est ensuite transmise entre bovins “toute l'Europe, l'Amérique du Nord et de nombreux autres pays” sans doute via une alimentation riche en farines de carcasses et d'abats d'animaux malades. 

En consommant des produits issus de bovins infectés, plusieurs personnes ont développé une variante de Creutzfeldt-Jakob. Face à l’ampleur de la crise, l’Europe s’est mise à interdire des farines animales, à surveiller d’éventuelles contaminations croisées et à détruire des tissus au risque le plus élevé, ce qui a considérablement ralenti l’épizootie.

“Aujourd’hui la chaîne alimentaire est protégée par ces mesures et c’est grâce à cela qu’il n’y a plus de cas de contaminations et que nous avons réussi quasiment à éliminer l’encéphalopathie spongiforme bovine”, explique Olivier Andreoletti. Seuls quelques cas surviennent encore, comme celui détecté dans les Ardennes en 2016

Le risque d’épidémie n’a pas complètement disparu 

Pourtant, le risque d’une épidémie reste présent. “Malgré le coût économique de ces mesures et la quasi disparition des cas d’ESB, le risque de voir ré-émerger l’ESB à partir de cas de tremblante atypique des petits ruminants plaide pour un maintien des mesures les plus fondamentales (interdiction des farines animales, élimination et destruction systématiques des tissus à risque le plus élevé…) qui ont permis ces 20 dernières années de protéger les consommateurs et les filières de production de la maladie de la ‘vache folle’”, note l’Inra.

“Les mesures mises en place coûtent cher et il y a aujourd’hui une pression des industriels. Certains évoquent la possibilité de lever l’interdiction de recycler les carcasses en farines animales. On n’est pas là pour donner des leçons mais pour produire des connaissances”, développe Olivier Andreoletti, qui craint que la Commission européenne n’accepte le retour des farines animales sur le marché. Pour les chercheurs,“si on recommence à avoir les mêmes pratiques, on aura les mêmes effets.”

“Les maladies à prions sont des maladies neurodégénératives provoquant des troubles neurologiques progressifs d’issue fatale, après une période d’incubation longue et silencieuse. Elles touchent l’Homme (maladie de Creutzfeldt-Jakob, insomnie fatale familiale), les animaux d’élevage (maladie de la vache folle, tremblante du mouton et de la chèvre, maladie à prion du dromadaire) et les animaux sauvages (maladie du dépérissement chronique des cervidés)”, explique l’Inra sur sont site. Les symptômes peuvent être locomoteurs, sensoriels et comportementaux.