Naturopathes, aromathérapeutes, hypnothérapeutes, acupuncteurs, réflexologues… Les Français sont de plus en plus à plébisciter ces pratiques, communément regroupées sous le terme de “médecine douce”. Cependant, la répression des fraudes dresse un tableau sévère de ces dernières. Deux-tiers des professionnels contrôlés étaient en infraction.
En effet, sur 675 praticiens inspectés en 2018, 460 présentaient “au moins un manquement”, selon un rapport publié cette semaine par la répression des fraudes. “Majoritairement de défauts d’information, mais aussi dans certains cas de pratiques commerciales trompeuses voire présentant des risques”, peut-on également y lire. Sur toutes ces infractions, “près d’une quinzaine de signalements ont été transmis au procureur de la République” pour “exercice illégal de la médecine” ou “usurpation de titres”.
Les acupuncteurs en ligne de mire
Les médecines dites “douces” sont opposées à la médecine conventionnelle. C’est-à-dire qu’elles ne font l’objet d’aucune “validation scientifique” qui permettrait de montrer “leurs modalités d’action, leurs effets, leur efficacité, ainsi que leur non dangerosité”, précise le ministère de la Santé sur son site internet.
Les deux-tiers des infractions recensées concernaient des acupuncteurs. D’autres des auriculothérapeuthes (une sorte d’acupuncture pratiquée sur l’oreille) et des personnes pratiquant l’hydrothérapie du côlon. Selon la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), “des allégations thérapeutiques ou ‘de santé’, non justifiées sur les compétences des professionnels, ont fréquemment été constatées” lors des contrôles.
Une “méconnaissance générale de la réglementation”
Ainsi, certains praticiens affirment qu’ils soulagent la douleur, traitent certaines maladies. La répression des fraudes dénonce également un usage abusif des termes “consultation” ou encore “patient”. Elle cite, dans son rapport, le cas d’un professionnel — dont on ignore la spécialité — “qui prétendait soigner différentes pathologies comme la maladie de Parkinson ou la maladie d’Alzheimer”.
“Les revendications d’ordre médical utilisées par certains professionnels peuvent s’avérer dangereuses car elles sont susceptibles de détourner le consommateur de la consultation d’un professionnel de santé ou du suivi d’un traitement conventionnel pour une pathologie grave”, commente la DGCCRF, qui pointe également “une méconnaissance générale de la réglementation (des pratiques commerciales déloyales, l’exercice illégal de la médecine et une information du consommateur insuffisante).”
Une formation d’un week-end seulement parfois
De plus, la répression des fraudes a observé des liens parfois trop étroits entre les praticiens, les organismes de formation et les entreprises qui commercialisent certains produits: compléments alimentaires, huiles essentielles… L’information liée aux tarifs est aussi souvent “défaillante”. “L’étiquetage des produits vendus, particulièrement par des aromathérapeutes, n’est pas complet, notamment en matière d’information sur les prix et la composition de ces produits”, lit-on dans le rapport.
La formation même de ces praticiens pose question, selon la répression des fraudes. Ils sont “issus pour la plupart du secteur de la santé (par exemple infirmiers ou aides-soignants) qui ont entrepris une reconversion professionnelle. La quati-totalité de ces professionnels ont suivi, avant d’exercer, des formations, mais de nature très variable allant du simple week-end (en présentiel ou à distance) à plusieurs années de scolarité”, estime la répression des fraudes.