Douloureuse mais sans gravité, la crise hémorroïdaire doit toutefois pas être prise au sérieux. Cette “maladie du temps qui passe”, comme l'appelle le docteur Philippe Godeberge, gastro-entérologue, apparaît au plus tôt chez l'adulte jeune et représente une gène réelle dans la vie quotidienne.
Il s'agit d'un problème de type vasculaire qui touche soit les hémorroïdes internes, sous la muqueuse anale, soit les hémorroïdes externes qui apparaissent sous la peau à l'orifice de l'anus. Si les premières ne provoquent pas de douleur, elles peuvent occasionner des saignements. Ce symptôme doit amener à consulter : de tels signes peuvent aussi cacher un cancer anal ou du rectum qui engendrent eux aussi des saignements, ou alors une fissure anale, voire un abcès. Un simple saignement dû à une crise hémorroïdaire touchant les hémorroïdes internes peut aussi être la cause d'une anémie. Si ces signes persistent au bout de quelques mois, un examen chez un gastro-entérologue est à envisager. Il s'agit d'un examen physique par palpation pour vérifier qu'il n'y a pas de tumeur et/ou d'un examen — indolore — à l'aide d'un anuscope introduit dans le canal anal.
La douleur justifie la consultation
Pour les hémorroïdes externes qui, elles, sont responsables de douleur parfois difficiles à supporter, la diagnostic ne pose pas de problème, puisque la crise se traduit par la thrombose d'un vaisseau sanguin qui forme une boule à l'extérieur de l'anus, elle est donc facilement visible. Ce type de cas nécessite une consultation qui doit se faire sans crainte, puisque cette thrombose n'est en rien comparable à, par exemple, une phlébite, dans le mesure où le caillot de sang qui s'est formé ne peut pas migrer.
Ces consultations — parfois repoussées par les patients pour des raisons de “pudeur” — sont donc toujours profitables. Le médecin généraliste est souvent le meilleur interlocuteur pour la patient, même si sa formation ne comporte pas de cours de proctologie, au moins pour les premières étapes. Pour les patients qui souhaitent consulter un spécialiste, il faut s'adresser à un gastro-entérologue ou à un proctologue. “Ce que l'on constate dans la réalité, c'est que beaucoup de patients s'orientent vers un spécialiste simplement parce qu'ils sont gênés pour parler de leur problème et qu'ils préfèrent s'adresser à un praticien qu'ils ne connaissent pas ... et réciproquement”, souligne le docteur Philippe Godeberge.
Limiter le risque de crise en surveillant son transit
Le meilleur moyen d'éviter une consultation à laquelle il est parfois difficile de se résoudre, c'est de faire le nécessaire pour limiter le risque de crise hémorroïdaire. Face à ce “petit” problème de santé, la meilleure prévention consiste à s'assurer d'avoir un bon transit afin de lutter contre la constipation ou la diarrhée prolongées. Ce qui se fait à partir de règles simples : pratiquer une activité physique régulière, boire de l'eau en quantité suffisante, manger des aliments riches en fibre, tels que les légume verts ou les fruits, et aller aux toilettes à heures fixes.
A bannir: la consommation d'alcool et d'aliments épicés, connue pour favoriser les hémorroïdes, de même que la pratique de certains sports comme le vélo ou l'équitation. Par ailleurs, les selles étant irritantes, il peut être recommandé de réaliser systématiquement une toilette douce de la région anale.