C’était une promesse du ministère des Solidarités et de la Santé et une “première étape” vers l’alignement des conditions du don du sang pour toutes et tous “à l’horizon 2022”. Dès le 2 avril 2020, les donneurs homosexuels verront la période d’abstinence sexuelle qu’ils doivent respecter avant tout don du sang passer d’un an à quatre mois.
La mesure avait été annoncée en juillet dernier et devait initialement entrer au vigueur le 1er février 2020. Selon un arrêté publié jeudi 26 décembre au Journal officiel, elle sera finalement entérinée deux mois plus tard, le temps que la Direction générale de la santé (DGS) imprime une nouvelle version du questionnaire que doivent remplir les candidats au don du sang.
La décision a été prise dans le cadre de l'évaluation régulière des critères de sélections des donneurs et “s'appuie sur des éléments scientifiques, objectifs et indépendants”, a assuré cet été le ministère de la Santé. Par respect pour les receveurs, cette mesure ne pourra intervenir qu’après une évaluation des risques “en toute transparence”, est-il précisé.
La fin d’une mesure discriminatoire selon les associations
Depuis 1983 et jusqu’en 2016, les hommes homosexuels n’avaient pas le droit de donner leur sang en raison des risques de transmission du VIH.
En 2016, un arrêté avait assoupli cette interdiction en instaurant un délai d’abstinence d’un an pour les donneurs de sang et autorisé le don de plasma selon les mêmes critères que les autres donneurs. Il avait alors suscité de nombreuses critiques d’associations LGBTQI+ qui avaient fait valoir qu’il s’agissait d’une mesure discriminatoire.
Le raccourcissement du délai d’abstinence à quatre mois avait été salué cet été par AIDES et l’Association française des hémophiles. “Le don du sang n'est pas un droit” et “n'a pas à répondre à une demande sociale des donneurs mais aux besoins des receveurs”, avaient-elles rappelé dans un communiqué commun. “Il est nécessaire de renforcer les moyens alloués à la filière du sang en France, et de travailler sur la formation des professionnels et plus largement, sur l’amélioration des questionnaires, la conduite des entretiens et la manière dont les donneurs ajournés sont accompagnés”, insiste le communiqué.
Une baisse des dons de sang en décembre
Cette parution au Journal officiel intervient alors que les stocks de globules rouges, de plasmas et d’autres produits sanguins sont extrêmement bas en cette période de l’année dans plusieurs régions de France, en particulier l’Île-de-France. Selon l'Etablissement français du sang (EFS) les pertes sont estimées à 350 dons en moins par jour, soit environ 3 800 dons manquants depuis le début du mois en raison, notamment, des épidémies de gastro-entérite et de grippe.