Le nombre de séances de chimiothérapie ne cesse d’augmenter. Selon le “Rapport annuel sur la situation de la chimiothérapie des cancers” mis en ligne par l’Inca le 13 juillet, en 2011, près de 2 250 000 hospitalisations pour chimiothérapie ont été réalisées dans les établissements de santé. Le nombre global de séances s’accroît de 3,8 % sur la même période. Ce sont donc près de 300 000 personnes qui ont été hospitalisées en 2011 pour subir une chimiothérapie.
Moins de cancer mais plus de chimio
Etonnamment, depuis quelques années, le nombre de personnes traitées par chimiothérapie semble croître plus vite que le nombre de nouveaux cas de cancers. Pour l’Institut national du cancer, plusieurs raisons expliquent cette tendance à la hausse : les indications de chimiothérapie augmente, beaucoup de cancers sont des maladies chroniques dont le pronostic s’est amélioré, et on traite les patients à des stades plus avancés de la maladie.
Dans son bilan, l’Inca évalue aussi le poids économique des chimiothérapies. Or, « pour la première fois depuis 2004, les dépenses liées aux anticancéreux de la liste en sus (les médicaments coûteux, NDLR) ont connu un repli de 9 % en moyenne par rapport à 2010, principalement du fait de la diminution du prix du docetaxel », soulignent les rapporteurs. La facture reste cependant lourde puisque les molécules anticancéreuses représentaient, en 2011, plus de la moitié du coût total des molécules remboursées de la liste en sus avec une dépense de plus d’un million d’euros. Et ce qui pèse le plus lourd dans la balance ce sont les fameuses thérapies ciblées, qui représentent à elles seules 34 % de ces dépenses.
La moitié des AMM sont des thérapies ciblées
Les thérapies ciblées ne cessent de gagner du terrain. Le rapport de l’Inca met en évidence cette progression : un peu plus de la moitié des nouvelles molécules mises sur le marché entre 2004 et 2012 appartiennent à la classe dite des « thérapies ciblées » (soit 22 médicaments). Avant 2004, seulement 4 molécules de thérapies ciblées avaient eu une AMM.
L’arrivée de ces nouvelles thérapies ciblées, qui concernent surtout les cancers du sang, de l’appareil digestif et du sein, est évidemment un progrès. Cependant, le rapport de l’Inca montre bien que ces traitements ne sont pas tous révolutionnaires. « Il est intéressant de souligner que dans les cancers colorectaux et pulmonaires, deux localisations importantes en termes d’incidence, il n’y a eu aucune ASMR I à III attribuées, » écrivent les rapporteurs. L’ASMR, qui signifie, amélioration du service médical rendu, est une évaluation du progrès thérapeutique apporté par le médicament en termes d’efficacité ou de tolérance par rapport aux thérapies existantes. Le progrès est qualifié de « majeur » pour un ASMR 1, d’ « important » pour un niveau II et de modéré pour un niveau III. Le nombre d’ASMR de niveaux I, II et III a en fait tendance à fléchir.
Malgré tout, ces thérapies ciblées constituent un progrès thérapeutique et l’Inca plaide pour qu’elles soient plus accessibles, « leur coût élevé posant le problème de leur prise en charge par la collectivité pour assurer leur accès égalitaire. » L’Institut national du cancer insiste donc sur la nécessité de faire avancer les négociations sur les prix de ces médicaments, entre les instances réglementaires et les firmes. « Nous disposons d’un système de santé unique, qu’il nous faut aider à préserver », conclue l’Inca.