La deuxième phase de la réforme dite “100% santé” est entrée en vigueur le 1er janvier 2020, obligeant désormais les opticiens et les dentistes à proposer certaines lunettes et prothèses dentaires avec un “reste à charge zéro” à leurs patients. De même, certains modèles de prothèses auditives devraient être plus accessibles.
Inscrit dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019, le dispositif entrera totalement en vigueur en 2021. Promis par Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle en 2017, cette mesure vise à renforcer l'accès aux soins pour tous et à lutter contre les inégalités, puisque ces prestations seront intégralement remboursées par la Sécurité sociale et les complémentaires santé des patients.
Comme le souligne Le Monde, 4,7 millions de Français se passaient jusque-là de soins prothétiques dentaires et 2,1 millions de prothèses auditives. “On va avoir un afflux de patients qu’on ne voyait pas, car ils n’avaient pas les moyens, estime-t-il. Dans certaines zones en sous-densité médicale, on ne pourra peut-être pas, dans un premier temps, satisfaire toutes ces demandes”, explique au quotidien Thierry Soulie, président des Chirurgiens-dentistes de France (CDF).
Un risque de santé à deux vitesses ?
Dans le détail, les dentistes seront tenus de présenter trois paniers de soins à leurs patients : le premier avec un “reste à charge zéro”, comprend les soins de base et les prothèses de qualité standard dont le prix sera plafonné à 500€. Le deuxième avec les couronnes, les bridges et les dentiers de qualité supérieure aux prix plafonnés à 550€, qui ne seront donc pas pris en charge à 100% par l’Assurance maladie. Enfin, le troisième comprendra les prothèses haut de gamme, non-remboursables, telles que les implants. De leur côté, les opticiens devront présenter au moins 17 modèles différents de montures en 2 couleurs minimum aux adultes (et 10 pour les enfants).
Mais ce dispositif peut-il garantir des soins de qualité ? La Fédération des syndicats dentaires libéraux (FDSL), principale organisation du secteur, dénonçait en 2018 une “prévention très insuffisante et une incitation aux soins low-cost”. En effet, le texte prévoit que seules les couronnes en métal pour les dents du fond et en céramique standard pour les dents de devant seront entièrement remboursées. “Des mesures démagogiques qui nous font revenir trente ans en arrière”, jugeait il y a quelques mois le président de la FSDL, Patrick Stolera, au journal Le Figaro.
Autre inquiétude : 75% du “reste à charge zéro” (estimé à 1 milliard d'euros) sera pris en charge par la Sécurité sociale, le solde sera financé par les mutuelles, laissant à craindre selon certains, une hausse des cotisations. A l’occasion du 42e Congrès de la Mutualité Française qui s’est déroulé du 13 au 15 juin dernier à Montpellier, Bernard Spitz, président de la Fédération française de l’assurance, avait prévenu : “On jouera le jeu, mais si on s'aperçoit qu'il y a un écart, il faudra le combler.” Affaire à suivre.