ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Notre éternité se décide dans les télomères

La chronique du Docteur Lemoine

Notre éternité se décide dans les télomères

Par le Dr Jean-François Lemoine

Les télomères qui sont au bout de nos chromosomes garantissent la parfaite division de nos cellules, en quelque sorte leur immortalité (théorique). Le début d’une explication : le nombre de centenaires est en augmentation constante et souvent avec une excellente santé. L’explication plausible de cette injustice grâce à l’analyse du sang de plusieurs centenaires…  

Dr_Microbe / iStock

Le sang de personnes ayant dépassé 100 ans a révélé de nombreuses infos, mais surtout a permis la vérification d’une hypothèse que l’on connaît depuis très longtemps ; une théorie qui a permis, en octobre 2009, à trois chercheurs américains de recevoir le prix Nobel de médecine. La réparation d’une véritable injustice après 50 ans de recherches concernent un des mystères de notre vie et la découverte d’une enzyme qui protège nos chromosomes du vieillissement. C’est ce que l’on appelle la théorie des télomères. Cela paraît compliqué, mais c’est en fait assez simple.

Tout repose sur la taille des télomères !

Les plans de construction et de fonctionnement de notre corps sont totalement contenus dans nos chromosomes. Ceux-ci ont la forme d’un X. Les 4 extrémités de ce X s’appellent les télomères ; une zone dont on sait qu’elle protège nos chromosomes, donc notre vie.

Ce sont eux qui portent les marques du vieillissement. Chaque fois qu’une cellule se divise, les chromosomes font de même, avec le risque, au niveau des extrémités, de perte d’une partie des informations vitales qu’ils contiennent. La nature, pour protéger nos secrets de vie, a donc mis une sorte de capuchon, un bouchon qui évite la perte de cette partie des chromosomes. Ce sont les télomères ; les garants d’une multiplication réussie, sans perte d’informations.

Cette théorie du vieillissement suggère que les télomères, tout au long de notre vie, en protégeant nos chromosomes, s’usent, se raccourcissent et qu’à un moment, ils ne peuvent plus garantir la naissance de nouvelles cellules en bon état. L’homme se met à vieillir plus vite et à développer des maladies. Et c’est ce que l’on a vérifié chez une de ces centenaires. Les télomères de deux de ses cellules de référence étaient devenus très, très courts. Mais ils existaient encore.

Se souvenir de Dolly

Comprendre comment fonctionne ce bouchon, qui permettrait peut-être de le rendre encore plus hermétique. Il ressemble, en effet, à un mur de protection dont on a confirmé le rôle crucial, chez Dolly ! La première brebis clonée. Passée l’euphorie de la naissance, Dolly s’était mise à vieillir vite et inéluctablement. Un vieillissement prématuré, inexplicable, sauf par l’état de ses télomères qui étaient ceux de la cellule à partir de laquelle elle avait été conçue. Une cellule trop vieille et surtout avec des télomères déjà très raccourcis.

On peut nourrir des espoirs à partir de ces découvertes car les chercheurs ont mis en évidence une enzyme qui assure la croissance et la réparation de ces télomères, la télomérase. Un catalyseur qui leur permet de grandir. A l’inverse, que l’on touche à la télomérase, les télomères raccourcissent… et on vieillit !

On peut donc imaginer une conclusion simple et pratique ; il suffit de donner de la télomérase à un organisme vieillissant pour « rajeunir » ses télomères et acquérir ainsi la jeunesse éternelle… Certaines start-ups ont déjà franchi le pas.

On attend les résultats.

 Docteur Jean-François Lemoine