Le laboratoire Merck a été assigné en appel par 3329 des 4113 plaignants déboutés en mars 2019, pour “défaut d’information” lors de la mise sur le marché de la nouvelle formule du Levothyrox en 2017. Toutes les parties sont attendues ce jeudi à 13h30 au tribunal d'instance de Lyon pour une réouverture du dossier.
10 000€ par plaignant
La juridiction avait jugé en première instance que le laboratoire allemand (dont le siège social français est basé à Lyon) n'avait commis “aucune faute” lors du changement de formule du Levothyrox : la loi lui interdisant de communiquer directement auprès des patients, celui-ci aurait en effet fait le nécessaire pour informer les officines françaises. Cependant, 3 329 patients ne sont pas d'accord et réclament une nouvelle fois 10 000€ de dommages pour le préjudice moral causé par la nouvelle formule du médicament, soit une enveloppe totale de 33 millions d'euros.
Pour rappel, la nouvelle formule du Levothyrox, destinée à réguler les problèmes de thyroïde, a été mise sur le marché en mars 2017. Après quoi, l’ANSM a recensé 17 000 effets secondaires (prise de poids, perte de cheveux, nausées, vertiges...) auprès de 31 000 patients. Pour autant, les magistrats ont jugé en première instance que “la qualité et la valeur thérapeutique du médicament nouvelle formule” étaient “certaines”, mais également que la notice contenait des informations “suffisamment précises et pertinentes”.
Mieux comprendre le rôle de la thyroïde et la crise du Levothyrox
En 2018, la docteure Magali Caucol-Andre était l'invitée de notre émission Questions aux Experts. Endocrinologue à l'hôpital de l'Hotel Dieu à Paris, elle nous expliquait qu'il existait nombre d'alternatives pour remplacer le Levothyrox dans un cas où le patient ne supporterait pas la nouvelle formule et que ces effets secondaires ne résultaient sans doute pas d'un problème de dosage.
La crise du Levothyrox viendrait-elle d'un manque de suivi des patients ? “Pas du tout, avait-elle répondu. C'est de notre devoir d'écouter ce que les patients nous disent. Ils ont tous eu entre un et trois symptômes avec la nouvelle formule du Levothyrox, je pense qu'il faut vraiment les écouter”. Selon la docteure Cocaul-André, ces symptômes d'intolérance ne résultaient pas d'un problème de dose : “Leur bilan était parfait”, explique-t-elle. “Leurs taux étaient les mêmes avec l'ancienne et la nouvelle formule, donc il y a autre chose” pour expliquer ces effets secondaires. Quelque chose que tentera de définir le tribunal d'instance de Lyon ce jour.