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Cancer de la peau

Mélanome : une découverte pourrait renforcer l'immunothérapie

Par Raphaëlle de Tappie

Des scientifiques américains ont trouvé une nouvelle façon de renforcer la capacité du système immunitaire à combattre le mélanome cutané, le plus meurtrier des cancers de la peau. 

AlexRaths/iStock

Dans les cancers de la peau, le mélanome est la forme la plus rare (10%) mais aussi la plus grave. Malheureusement, sa fréquence est en constante augmentation depuis un-demi siècle. Chez certains malades, le développement des immunothérapies anti-cancéreuses, qui exploite la puissance du système immunitaire d’un individu pour détruire les tumeurs, a révolutionné le traitement. Des patients atteints d’un mélanome avancé ont pu survivre pendant des années encore au lieu de quelques mois. Pour cette catégorie de personnes, le traitement ne fonctionne que dans 40% des cas.

Aujourd’hui, des chercheurs ont fait une avancée majeure dans la lutte contre le mélanome. D’après une étude parue dans la revue Nature Communications, des scientifiques du Sanford Burnham Prebys Medical Discovery Institute (Californie, Etats-Unis) ont trouvé une nouvelle façon de renforcer la capacité du système immunitaire à combattre la tumeur.  

Les scientifiques savent depuis longtemps que Siah2 est impliqué dans les processus exploités par les tumeurs pour croître. Ici, les scientifiques ont utilisé des souris génétiquement modifiées pour ne pas produire la protéine et ont introduit le mélanome imitant BRAF, qui se produit dans la moitié des mélanomes humains. Ils ont alors remarqué qu’en l’absence du gène Siah2, les tumeurs du mélanome reculaient grâce à la thérapie anti-PD-1 tandis que chez les souris porteuses de Siah2, elles continuaient à croître.

“Trouver un médicament qui bloque Siah2”

En allant plus loin, les scientifiques ont découvert que, chez les souris sans Siah2, les tumeurs étaient infiltrées par des cellules immunitaires tueuses et n’avaient pas de cellules Treg, des cellules régulatrices qui limitent l’efficacité des immunothérapies actuellement utilisé. Ainsi, le système immunitaire était plus efficace dans l’élimination des tumeurs.

“Dans notre étude, des souris dépourvues du gène Siah2 ont pu monter une attaque immunitaire contre le mélanome. De plus, l'efficacité de Siah2 en immunothérapie a été démontrée pour les tumeurs ‘froides’ — celles qui ne répondent pas à l'immunothérapie — qui ont été éliminées efficacement par un blocage de la PD-1 chez les souris mutantes Siah2”, explique le professeur Ze'ev Ronai, auteur principal de l'étude.

“Bien que Siah2 soit impliqué dans le contrôle des activités qui régissent le développement du cancer, cette étude offre la première preuve directe de son rôle dans le système immunitaire, à savoir dans l'immunité anti-tumorale”, se félicite-t-il. Ze'ev Ronai détaille : “Notre étude montre qu'un inhibiteur de la PD-1 peut être utilisé pour traiter des tumeurs qui ne répondent pas actuellement à cette thérapie, lorsqu'il est administré à des souris dépourvues du gène Siah2, offrant ainsi un moyen d'étendre l'efficacité de l'immunothérapie. Ces résultats justifient également nos efforts pour trouver un médicament qui bloque Siah2.”  

“La compréhension des mécanismes de base de l'immunité tumorale nous aidera en fin de compte à améliorer l'efficacité de l'immunothérapie”, commente par ailleurs Michael Rape, professeur de biologie cellulaire et du développement à l'université de Californie à Berkeley. “Cette étude révèle une couche importante dans la régulation des composants clés des cellules immunitaires qui ont un impact sur l'efficacité de l'immunothérapie du cancer, ce qui met en évidence la nécessité de développer des inhibiteurs pour Tregs, dans lesquels un inhibiteur Siah2 est prometteur.”

Le mélanome peut apparaître sur une peau seine dans 70 à 80% des cas

“Notre découverte ne fait qu'alimenter notre sentiment d'urgence pour trouver un médicament qui inhibe Siah2. L'utilisation d'un arsenal de nouvelles approches devrait nous permettre de faire progresser le ciblage de Siah2 à la fois dans les tumeurs et dans leur micro-environnement”, concluent les chercheurs.

En France métropolitaine, le mélanome cutané représente près de 4 % de l’ensemble des cancers et 1,2 % des décès par cancer. En 2017 15 404 nouveaux cas ont été diagnostiqués (8 061 hommes et 7 343 femmes). La même année, la maladie a entraîné 1 783 décès (1 036 hommes et 747 femmes).

Le mélanome peut apparaître sur une peau saine dans 70 à 80% des cas, ou résulter de la transformation maligne d'un grain de beauté, d’où l’importance de faire régulièrement dépister vos grains de beauté suspects chez un dermatologue, car diagnostiqué tôt, un mélanome se traite bien. Si vous avez un doute et n’obtenez pas de rendez-vous rapidement, vous pouvez toujours vous référer à la règle ABCDE (pour Asymétrique, Bords, Couleur, Diamètre et Évolution), une technique d’auto-dépistage mise au point par les spécialistes. Selon cette dernière, une tâche ou un grain de beauté présentant l’une des caractéristiques suivantes peut être suspect : Asymétrie, Bords irréguliers, Couleur non homogène, Diamètre en augmentation, ou Évoluant rapidement.