Le nom du site a au moins le mérite de la clarté : “arretmaladie.fr” propose une téléconsultation express permettant aux internautes d'obtenir en ligne un certificat d'arrêt de travail de courte durée. Ce site a été lancé en France le 7 janvier par une entreprise domiciliée en Allemagne, à Hambourg.
Une initiative qui intervient alors que l'on constate une forte recrudescence des arrêts maladie liée à la grève contre le projet de réforme des retraites, notamment dans certains entreprises dans lesquelles le mouvement est largement suivi. Au point que le premier Ministre, Edouard Philippe, a dû rappeler qu'utiliser cette “excuse” pour faire grève était “illégal” et qu'il a annoncé un renforcement des contrôles.
Difficile dans ce contexte de ne pas voir une démarche opportuniste de la part de la start-up allemande. D'autant que la durée des arrêts que délivre sa plateforme — trois jours maximum — qui correspond au délai de carence dans le privé, est trop courte pour que l'Assurance maladie ait le temps de contrôler la réalité des motifs de l'arrêt.
Difficile aussi de croire à la “sincérité” des téléconsultations à partir desquelles ces arrêts de travail sont délivrés quand celles-ci se font sur un site qui, à travers son intitulé, place délibérément cette finalité en première intention plutôt que proposer un avis médical lié à un problème de santé.
Une aventure commerciale
Le sujet de la santé au travail est un sujet sérieux. Le sujet de l'organisation collective de la prise en charge de la santé est un sujet sérieux. Le sujet de la confiance dans les professionnels de santé est un sujet sérieux. Face à ces réalités, la plateforme “arrêtmaladie.fr”, simple aventure commerciale, ressemble davantage à un gadget qui n'honore ni ses promoteurs ni ceux qui seraient tentés de l'utiliser.
Nicolas Revel, patron de l'Assurance maladie, a très vivement réagi en déclarant dans Les Echos qu'il lançait une action en référé pour faire cesser les activités de ce site. Il a fait part de son “indignation” et parlé de “tromperie” en annonçant qu'il utiliserait “toutes les voies de droit” contre ce qu'il considère comme “un dévoiement de l'acte de prescription”. Même indignation du côté des professionnels de santé, avec le Conseil national de l'Ordre des médecins qui annonce réfléchir aux “suites déontologiques”. De quoi plomber rapidement le “coup marketing” tenté par la start-up germanique.