Lorsqu'elle envoie des hommes dans l'espace, la NASA s'assure généralement qu'ils sont en bonne santé. Pourtant, pour la première fois, elle a découvert que l'un de ses astronautes présent dans la Station spatiale internationale (ISS) depuis 2 mois avait un volumineux caillot sanguin qui obstruait sa veine jugulaire interne, une veine profonde du cou. Ce cas est rapporté dans la revue internationale The New England Journal of Medicine, mais l'identité de l'astronaute et la date des faits ont été gardées secrètes.
Un diagnostic réalisé par hasard
Asymptomatique, cette thrombose veineuse lui a été diagnostiquée par hasard lors d'une étude destinée à comprendre l'impact de la microgravitation sur les fluides corporels, au cours de laquelle une échographie de son cou a été réalisée. Comme aucun astronaute n'avait encore été diagnostiqué avec un caillot de sang dans l'espace, la NASA a préféré faire appel à Stephan Moll, spécialiste à l'université de Caroline du Nord.
Par chance, le caillot sanguin n'avait pas encore migré vers les poumons, mais le médecin devait agir rapidement pour éviter une embollie pulmonaire. L'astronaute a donc commencé par prendre un médicament anti-coagulant disponible à bord de l'ISS, puis au 43e jour de traitement, une navette a été spécialement affrétée pour lui apporter de l'apixaban. Le patient a été traité pendant 90 jours et suivi de près par le docteur Stephan Moll.
“C'était incroyable de recevoir un appel d'un astronaute dans l'espace. Ils voulaient juste me parler comme s'ils étaient l'un de mes autres patients. Étonnamment, la connexion téléphonique était meilleure que lorsque j'appelais ma famille en Allemagne, même si l'ISS se déplace à plus de 27 000 km/h”, autour de la Terre, raconte le médecin. L'astronaute a finalement arrêté son traitement quelques jours avant son atterrissage afin d'éviter les dangers liés à l'entrée dans l'atmosphère. Une fois sur Terre, le caillot avait disparu.
Mieux comprendre la thrombose veineuse
La thrombose veineuse, ou thrombophlébite, correspond à la formation d’un caillot, ou thrombus, se formant dans une veine, qu’il va toucher en totalité ou en partie. Elle se produit en cas de ralentissement local du flux sanguin, de lésions de la paroi interne de la veine ou en cas d’augmentation de la tendance du sang à coaguler. Donc tout ce qui altère la fonction de coagulation sanguine, la paroi de la veine ou la circulation veineuse peut augmenter le risque de thrombose veineuse.
Le risque de thrombose veineuse augmente avec l'âge : il est très faible avant 30 ans et augmente jusqu'à devenir élevé après 70 ans. Les personnes ayant déjà eu un épisode de thrombose veineuse auront 3 fois plus de risques de récidive. Sont également à risque les personnes obèses, les femmes qui prennent un traitement œstroprogestatif (surtout si elles fument), les femmes enceintes en fin de grossesse, après l’accouchement (risque cinq à dix fois plus élevé) et les personnes qui ont récemment eu un infarctus du myocarde ou un accident vasculaire cérébral (AVC).