En 2017, 180 000 enfants de moins de 15 ans ont été infectés par le VIH dans le monde et la plupart d’entre eux ont été contaminés par leur mère. En effet, une femme séropositive peut transmettre le virus à son enfant lors de la grossesse, pendant l’accouchement ou l’allaitement. Pour éviter ce risque et pour leur propre santé, les femmes malades prennent le plus souvent des médicaments de thérapie antirétrovirale pendant leur grossesse. Mais ce cocktail de médicaments peut avoir de nombreux effets secondaires négatifs et les chercheurs s’inquiètent des conséquences à long terme sur les bébés. Aujourd’hui, des scientifiques américains ont réussi à mettre un protocole capable d’empêcher la formation du réservoir viral en une seule dose sur des bébés singes. Pour que cela fonctionne, il faut toutefois administrer le traitement très rapidement. Leurs travaux ont été présentés dans la revue Nature Communications.
Les anticorps n’étant pas toxiques et pouvant être modifiés pour durer longtemps dans l’organisme, cela permet de réduire la fréquences traitements. Une équipe de chercheurs affiliés à l’université de Science et de Médecine de Portland (Etats-Unis) a donc eu l’idée d’explorer leur potentiel pour remplacer ou compléter la thérapie antirétrovirale actuellement en vigueur chez les nouveau-nés de mères séropositives ainsi que chez les adultes séropositifs.
Ils ont travaillé sur de jeunes macaques infectés par voie orale par le HIV-1, la forme similaire du virus pour les singes. En leur administrant une combinaison de deux anticorps 30 heures après les avoir exposés au virus, ils ont constaté que la dose unique suffisait à bloquer son entrée dans les cellules immunitaires. Six mois plus tard, les macaques étaient toujours protégés.
Des résultats prometteurs
En revanche, si les scientifiques attendaient 48 heures avant d’administrer quatre petites doses du même anticorps, la moitié des bébés macaques développaient le VIH. Enfin, les macaques qui recevaient le traitement standard actuel contre le VIH ne tombaient pas malades quand le traitement de plusieurs semaines commençait 48 heures après l’exposition au virus.
Ainsi, cette étude suggère qu’au lieu du cocktail habituel auquel sont exposés les bébés humains nés de mères séropositives au VIH (plusieurs médicaments pendant environ six semaines avant d’être testés à nouveau), un traitement antirétroviral beaucoup plus court pourrait prévenir la transmission du sida aux nouveau-nés. A condition d’être administré très rapidement.
“Ces résultats prometteurs pourraient signifier que les bébés nés de mères séropositives peuvent encore vaincre le VIH avec moins de traitement”, s’enthousiasme donc l’auteur correspondante de l'étude, Nancy Haigwood, professeur de pathobiologie et d'immunologie à la Faculté de médecine de l'université de la santé et des sciences de l'Oregon (Etats-Unis). D’autres recherches restent à mener pour tester l’efficacité du traitement sur des singes juste après leur naissance.
Un taux de transmission à moins de 1% quand la mère et l’enfant sont traités
En l’absence de traitement, le taux de transmission d’une mère séropositive à son enfant se situe autour de 20%. Ces taux varient en fonction de l’état clinique et immunitaire de la mère, précise le site Sida info service. Mais dans les pays développés, les mamans malades sont globalement prises en charge médicalement. La prise d’un traitement pendant la grossesse puis par l’enfant permet d’amener le taux de transmission à moins de 1%.
D’après un rapport de l’Onusida paru cet été, au niveau mondial, environ 82% des femmes enceintes séropositives ont maintenant accès aux médicaments, soit une augmentation de plus de 90% depuis 2010 ayant entraîné une réduction de 41% des nouvelles contaminations chez les enfants.