Un exemple récent de sérendipité très connu, celui de la fameuse petite pilule bleue. Au départ, ce médicament, le viagra, était en test contre l’hypertension artérielle pulmonaire. Très vite, le laboratoire se rend compte que les espoirs mis en lui ne vont pas se concrétiser. En revanche, un de ses effets secondaires est intéressant : il provoque des érections. Le laboratoire change donc rapidement son fusil d’épaule et développe le médicament dans une autre indication : le traitement de l’impuissance.
L’exemple de sérendipité que l’on cite le plus souvent est celui de la découverte du premier antibiotique, la pénicilline. Son découvreur, Alexander Fleming était paraît-il un peu négligent. Il serait parti en vacances en laissant à découvert ses boîtes de cultures de bactéries, qui auraient alors été infectées. Mais s’il était négligent, il était quand même très intelligent puisque, à son retour, il a remarqué que sur les bords des moisissures, il y avait une zone dans laquelle les bactéries ne s’étaient pas développées. C’est comme cela qu’il a réussi à identifier le champignon tueur de bactéries.
La chance ne fait pas tout.
La curiosité du chercheur ainsi que sa capacité à répondre à l’imprévu comptent beaucoup. Imaginez une seconde qu’Alexander Fleming ait jeté ses boîtes de Pétri infectées à la poubelle. On n’aurait peut-être pas connu les antibiotiques…
Les chercheurs en médecine n’ont pas le monopole de la sérendipité. Exemple : le velcro. C’est en promenant son chien qu’un ingénieur suisse a imaginé cette bande de tissu auto agrippant. Il a découvert qu’il était difficile d’enlever les fleurs de Grande Bardane – c’est un fruit – lorsqu’elles s’accrochaient au poil de son chien. De retour chez lui, il a examiné cette plante et le velcro était né…
Il ne faut pas vouloir tout planifier dans la recherche, il faut laisser des espaces de liberté. Une découverte révolutionnaire peut surgir à tout moment. Aux Pays-Bas, il existe une tradition chez les chercheurs : le vendredi après-midi, ils disposent de la liberté d’accomplir des “recherches personnelles”… sans être obligés de justifier de leurs actions.
Docteur Jean-François Lemoine
Abonnez-vous aux chroniques du Dr Lemoine
@DrLemoine