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Pas de différence statistique

Cancer de l'ovaire : le talc n'augmenterait pas les risques

Alors que de nombreuses recherches suspectaient un lien entre application de talc sur les parties génitales et cancer de l'ovaire, une large synthèse d'études réalisée sur le sujet n'a trouvé aucune association significative. 

Cancer de l'ovaire : le talc n'augmenterait pas les risques Anchalee Phanmaha/iStock




Dans le monde, le cancer de l’ovaire est la septième cause de décès par cancer chez la femme. A l’heure actuelle, il existe trois facteurs de risque avéré pour développer cette maladie : le traitement hormonal substitutif de la ménopause à base d’œstrogènes, le tabagisme et l’exposition à l’amiante. Dans les années 70, des inquiétudes ont commencé à naître sur la contamination du talc par de l’amiante. Or, à cette époque, de nombreuses femmes avaient pour habitude d’appliquer cette poudre sur leurs parties génitales pour absorber humidité et odeurs. Plusieurs études ont ensuite montré que les utilisatrices de talc avaient plus de risques de développer un cancer de l’ovaire. Aujourd’hui cependant, une synthèse d’études publiée dans la prestigieuse revue Jama révèle n’avoir trouvé aucun lien entre l’usage du talc sur les parties génitales et le risque de cancers des ovaires. 

Pour en arriver à cette heureuse conclusion, les chercheurs de divers centres de recherches américains, financés par les Instituts nationaux de santé (NIH), ont analysé des études portant sur un total de 250 000 femmes aux Etats-Unis sur une durée médiane de onze ans. Alors que sur cette période environ 2 200 cancers des ovaires ont été rapportés et que quatre participantes sur dix (surtout les plus âgées) avaient pour habitude d’utiliser du talc, soit par application directe sur les parties génitales soit en en mettant sur un sous vêtement, un tampon hygiénique ou un diaphragme, aucun lien n’a été observé. Ainsi, aucune différence statistique n’a été repérée entre les femmes déclarant avoir utilisé du talc et les autres, note l'étude.  

Mais comme toujours dans les études d’observation, il impossible de conclure à une causalité. Les chercheurs peuvent seulement faire état d’une absence ou d’une présence de lien statistique. “Il reste une incertitude sur l’existence d’une telle association”. Si le lien entre talc et cancer existait vraiment, “l’augmentation du risque serait probablement faible”, explique Kevin McConway, professeur de statistiques appliquées à The Open University.

Un laboratoire américain régulièrement visé par des plaintes pour ses produits talqués  

Ces résultats réjouiront probablement le géant pharmaceutique et des produits d’hygiène Johnson & Johnson qui se défend depuis des années contre des milliers de plaintes contre ses produits talqués. En mai 2017, l’entreprise américaine a par exemple été condamnée à verser 110 millions de dollars à une patiente atteinte du cancer de l’ovaire vivant dans l’Etat de Virginie. L’année d’avant, la compagnie a dû indemniser trois plaignantes malades (dont sa famille pour l’une d’elle, décédée) à hauteur de 65, 45 et 63 millions d’euros respectivement. En octobre dernier, la compagnie américaine a toutefois dû rappeler un lot de talc pour bébé car des inspections sanitaires y avaient découvert des traces d’amiante.

En France, le cancer de l’ovaire est le cinquième cancer féminin après ceux du sein, du côlon, de l’utérus et de l’estomac. A l’heure actuelle, près de 4 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.

Outre les facteurs de risque avérés cités ci-dessus et les doutes sur le talc, les scientifiques suspectent de nombreuses autres raisons. Ainsi, les femmes plus grandes ou obèses auraient plus de risque de développer un cancer de l’ovaire. Par ailleurs, quelques études ont suggéré un excès de risque chez les coiffeuses et les femmes employées dans l’imprimerie mais les données sont insuffisantes pour conclure à une causalité. Qui plus est, l’âge semble être un facteur de risque important : plus une femme vieillit, plus son risque de développer un cancer de l’ovaire augmente. Le risque serait maximal autour de 75 ans. Enfin, la maladie serait plus fréquente chez les femmes n’ayant jamais eu d’enfant.

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