Dans une enquête dévoilée le 14 janvier, l’association France Transplant tire la sonnette d’alarme : selon elle, le nombre de transplantations d’organes serait en net recul dans l’Hexagone, augmentant les risques pour les patients en attente d’une greffe.
Selon l’association, qui se base sur les chiffres de l’Agence de la biomédecine (ABM), moins de 5 805 transplantations ont été réalisées en 2018, dont 561 à partir de donneurs vivants, 24 000 patients sont toujours en attente d’une greffe d’organe et entre 500 et 800 décéderaient chaque année faute d’avoir pu en bénéficier à temps. “En plus de ces décès, un nombre important de malades est retiré des listes d’attente, car, avec le temps, l’état des patients s’est dégradé, ils ne sont plus opérables”, s’alarme Jean-Louis Touraine, président de France Transplant dans un entretien accordé au Monde.
“Nous sommes inquiets, le nombre de malades en attente de greffe ne cesse de croître, et le nombre de transplantations n’augmente plus”, ajoute-t-il.
Une pénurie de dons d’organes
Comment expliquer cette diminution des greffes réalisées en France ces dernières années ? France Transplant avance plusieurs raisons. D’abord, le nombre trop faible d’organes collectés. Même si la loi prévoit de déclarer comme consentante au don d’organes toute personne n’ayant pas exprimé clairement son refus, “il y a eu une dérive”, estime Jean-Louis Touraine sur Franceinfo. “Au lieu qu’on demande à la famille : est-ce que la personne était pour ou contre, on demande à la famille : est-ce que vous, vous êtes pour ou contre. Et parmi les 5 ou 6 membres de la famille qui sont ici, autour de la personne qui vient de décéder, il y en a toujours un qui a des états d’âme. Par conséquent, le prélèvement ne se fait pas et cela explique pourquoi, aujourd’hui, il y a 50% ou plus de taux de refus.”
Des moyens financiers et humains trop faibles
Le président de France Transplant pointe aussi le manque de moyens financiers et d’effectifs de médecins, chirurgiens et anesthésistes-réanimateurs pour assurer correctement les transplantations. “Il peut y avoir aussi un manque d’organisation, avec parfois l’impossibilité d’accéder au bloc opérateur”, ajoute Jean-Louis Touraine.
Il assure que “la greffe ne demande pas des moyens financiers supplémentaires, elle fait faire des économies supplémentaires. (…) chaque greffe rénale qui est pratiquée fait faire des économies car la dialyse coûte beaucoup plus cher que la transplantation.”
Alors que le Plan greffes a fixé comme objectif de parvenir à 7 800 transplantations d’ici 2021, France Transplant assure que cela reste, à ce jour, “plus qu’ambitieux” au regard des moyens humains et financiers déployés pour assurer les transplantations. L’association donne quelques pistes pour augmenter les procédures de greffe : mieux former les équipes à l’accueil et à l’information des familles de donneurs et, surtout, valoriser les greffes issues donneurs vivants volontaires.