Quand une personne vieillit, de nombreux symptômes désagréables apparaissent : le goût, le toucher et l’odorat se retrouvent par exemple altérés ainsi ainsi que le contrôle inhibiteur ou capacité d’inhibition. Cette dernière se réfère à une série de mécanismes qui permettent la suppression des cognitions et des actions inappropriées. Elle est liée à la compétence sociale et à la régulation émotionnelle. Ainsi, plus nous vieillissons, plus nous avons de mal à nous empêcher de réaliser une action ou à effacer de notre mémoire de travail un contenu non pertinent pour la tâche à accomplir.
C’est pourquoi, de nombreuses personnes âgées ont tendance à faire des choses qui paraissent complètement inappropriées. Ce trouble est également présent chez les patients souffrant de schizophrénie, de troubles de l’attention et de l’hyperactivité ou d’une certaine forme de Parkinson. Les malades peuvent devenir nerveux, distraits ou souffrir de pensées indésirables. Pour repérer ces troubles de l’inhibition, des chercheurs de Liverpool ont mis au point un test de mouvement oculaire. Les résultats de leur étude sont parus le 9 janvier dans la revue PeerJ.
Dans le cadre de leurs recherches, des chercheurs du département des sciences de l’œil et de la vision de l’université de Liverpool (Royaume-Uni) ont recruté deux groupes d’âges différents, un de 19 à 27 ans et l’autre de 50 à 72 ans. Ils leur ont montré un point au centre d’un écran d’ordinateur puis, quand ce dernier disparaissait, un deuxième qui apparaissait à gauche ou à droite. Les scientifiques ont mesuré les mouvements des yeux à l’aide d’un traceur oculaire infrarouge.
“Etudier le contrôle inhibiteur dans une série de maladies importantes”
Résultat : les participants plus âgés avaient d’avantage tendance à regarder le point quand il apparaissait et non quand il se transformait et étaient plus lent à l’identifier.
“Nous sommes conçus pour réagir aux choses qui apparaissent dans notre monde visuel. C'est quelque chose que nous faisons automatiquement. Cependant, nous avons aussi la capacité de nous empêcher de réagir et cela nous évite de devenir esclaves de notre environnement sensoriel”, explique le Dr Paul Knox qui a mené l’étude.
“Ce nouveau test nous permet de mesurer précisément le comportement inhibiteur. Il est clair que les participants plus âgés ont trouvé plus difficile d'inhiber leurs actions, même après avoir pris en compte le ralentissement général qui se produit avec le vieillissement”, poursuit-il. Et de conclure : “Cela confirme qu'une diminution du contrôle inhibiteur fait partie du vieillissement normal. Nous faisons des expériences pour affiner le test, puis nous espérons l'utiliser pour étudier le contrôle inhibiteur dans une série de maladies importantes.”
Les tests oculaires sont régulièrement utilisés par les chercheurs pour identifier des biomarqueurs de troubles comportementaux. En 2017, des chercheurs de l’Université de Rochester (États-Unis) ont réussi à déceler des troubles de spectre autistique (TSA) chez une partie des personnes atteintes en observant les mouvements rapides des yeux. Plus récemment, des scientifiques de l’université de Dartmouth (Etats-Unis) ont observé que les individus souffrant d’autisme sont plus lents à passer d’une image à une autre. Ces résultats offrent un nouvel espoir pour mieux diagnostiquer la maladie.