Nouveau champ de recherche médicale passionnant, l’épigénétique désigne cette nouvelle discipline qui cherche à expliquer comment l’acquis peut transformer nos gènes. Par exemple, même si des vraiment jumeaux partagent le même ADN, ils restent distincts biologiquement et ont des risques de maladies variables car leur sensibilité à l’environnement et leur mode de vie varient. Ces mécanismes épigénétiques sont notamment liés à la méthylation, c’est-à-dire à une forme de modification des gènes qui correspond à l’ajout de groupes de méthyles sur certaines bases de l’ADN.
Plusieurs études ont démontré que le stress psychologique pouvait modifier l’épigénome d’un individu : ce dernier devient alors plus à risque de développer certaines psychopathologies et maladies chroniques.
Une nouvelle étude, menée par des chercheurs du CNRS, de l’Inserm et de l’Université de Wisconsin Madison, et publiée dans la revue Brain, Behavior and Immunity, montre cependant que ces modifications épigénétiques liées au stress sont non seulement réversibles, mais aussi que l’épigénome peut être modifié par la pratique intensive de la méditation.
61 sites de méthylation modifiés par la méditation
Pour explorer le rôle de la méditation intensive sur l’épigénome, les chercheurs se sont concentrés sur le profil de 17 volontaires pratiquant depuis au moins 3 ans la méditation à raison de 30 minutes minimum par jour, et sur le profil d’un groupe témoin.
Les cellules sanguines des participants ont été prélevées avant et après cette journée de pratique intensive et plus de 400 000 sites de méthylation ont été étudiées. Les données ont ensuite été comparées à celles du groupe témoin qui s’est vue proposée des activités de loisirs variés dans le même environnement et pendant la même durée.
Les chercheurs ont alors constaté chez le groupe de méditants des changements significatifs sur 61 sites de méthylation suite à cette journée intensive de pratique. Ces sites sont répartis uniformément sur le génome et sont principalement impliqués dans le métabolisme et le vieillissement des cellules immunitaires. Ils se situent généralement en amont des gènes ou dans des sites de liaison de facteurs de transcription. En revanche, aucun changement significatif n’a été observé dans le groupe contrôle.
Pour les chercheurs à l’origine de cette découverte, cela montre donc que "certains profils de méthylation d’intérêt clinique réagissent de manière rapide à la pratique méditative, ouvrant de nouvelles perspectives sur le potentiel thérapeutique de ces pratiques". De plus, "elle contribue à faire progresser le champ de l’épigénétique en mettant en lumière la réactivité de certains sites de méthylation habituellement considérés comme relativement stables".