Deux ans après les débuts de l’affaire Weinstein aux États-Unis et le déferlement #MeToo sur Internet, les femmes osent davantage parler lorsqu’elles sont victimes de faits de harcèlement ou de violences sexuelles.
C’est ce que mettent en lumières les premiers chiffres dévoilés par le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI). Dans une synthèse publiée le 16 janvier 2020, il fait état de 54 100 faits de violences sexuelles enregistrées l’an dernier par la police et la gendarmerie sur le territoire français, soit une augmentation de 12% par rapport à 2018.
Dans le détail, les dépôts de plainte pour viol sont en hausse de 19% (contre 17% en 2018 et 12% en 2017), tandis que les plaintes pour les autres agressions sexuelles, y compris le harcèlement sexuel, ont augmenté de 8%.
Une libération de la parole et de l’écoute
Déjà en 2018, le SSMSI avait noté une augmentation importante du nombre de plaintes enregistrées, qu’il expliquait par "une évolution du comportement de dépôts de plainte des victimes". L’affaire Weinstein, bien entendu, mais aussi le mouvement #MeToo et les grandes campagnes contre les violences sexistes et sexuelles, comme celle instiguée par le collectif #NousToutes en France, ont largement contribué non seulement à libérer la parole des femmes, mais aussi à accorder davantage de crédit à leurs récits. Le service statistique rattaché au ministère de l’Intérieur note d’ailleurs que cette augmentation des violences sexuelles enregistrées "s’inscrit dans un contexte d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services".
Les chiffres complets et définitifs concernant les violences sexuelles, ainsi que les féminicides, seront publiés par le SSMSI fin mars. En 2019, les collectifs Féminicides par compagnons ou ex-compagnons ont recensés dans la presse 150 féminicides en France.
Pour le moment, ils ne sont pas différenciés et sont comptabilisés parmi les 970 homicides (y compris coups et blessures volontaires suivis de mort) en 2019, et qui sont en hausse de 9%.
Une hausse des violences intra-familiales
Par ailleurs, le SSMSI note une progression de 8% des coups et blessures volontaires sur personne de 15 ans et plus, avec une hausse notable des violences intra-familiales. Les vols sans violence contre des personnes progressent quant à eux de 3 % les vols avec armes et les cambriolages de logement restent stables après une baisse en 2018.
De fortes disparités régionales sont observées. À Paris, les vols violents sans arme pour 1 000 habitants sont deux fois plus élevés que dans les autres grandes agglomérations de plus de 200 000 habitants. Les Pays-de-la-Loire voient aussi le nombre de vols violents sans arme augmenter de 21,2%, alors que ces derniers sont en baisse dans tout le reste du territoire.