A l’heure actuelle, l’obésité et le surpoids sont de véritables enjeux de santé public. Dans le monde, le nombre de cas d’obésité a presque triplé depuis 2015. En 2016, plus de 1,9 milliards d’adultes étaient en surpoids. Parmi eux, plus de 650 millions étaient obèses. Or cette maladie est associée à de nombreuses complications. Elle augmenterait le risque de cancer de l’utérus, des ovaires et du sein chez la femme, de la prostate chez l’homme et du côlon et de la vésicule biliaire pour les deux sexes. Les personnes atteintes d’obésité sont par ailleurs plus susceptibles de souffrir de diabète, de problèmes de foie, rénaux ou respiratoires, d’hypertension, de maux de tête, de douleurs d’estomac, de fatigue, d’incontinence urinaire, de transpiration excessive ou encore de troubles des règles et d’ovaires polykystiques pour les femmes.
De nombreux chercheurs travaillent donc à essayer de comprendre comment l’obésité et le surpoids surviennent. D’après deux études publiées simultanément le 19 janvier dans la revue Obesity Review, devenir adulte conduirait à une importante prise de poids. En effet, passer de l’école aux études supérieure puis à l’emploi entraînerait des comportements néfastes en matière d’alimentation et d’activité physique tandis que chez les femmes, devenir mère serait liée à une augmentation significative de l’IMC.
Au cours de la première méta-analyse, des chercheurs de l’université de Cambridge (Royaume-Uni), ont examiné plusieurs études concernant la transition entre le lycée et les études supérieure ou le travail ainsi que la façon dont elle affecte le poids, l’alimentation et l’activité physique. Ils ont ainsi constaté que quitter l’école était associé à une diminution de 7 minutes par jour d’activité physique modérée à vigoureuse. La diminution était plus importante chez les hommes que les femmes (-16,4 minutes par jour contre -6,7 minutes par jour). Le changement était d’autant plus important quand les participants allaient à l’université. Les niveaux globaux d’activité physique modérée à vigoureuse diminuant alors de 11,4 minutes par jour.
“La nourriture saine et l’exercice physique sont encouragés à l’école”
Certaines études analysées ont par ailleurs montré une augmentation du poids à la fin du lycée. Enfin, deux études ont suggéré que la qualité des régimes alimentaires diminue à la fin du lycée et une autre a mis en lumière le même phénomène à la fin des années étudiantes.
“Les enfants ont un environnement relativement protégé, la nourriture saine et l'exercice physique étant encouragés à l'école, mais ces données suggèrent que les pressions de l'université, de l'emploi et des services de garde entraînent des changements de comportement qui sont susceptibles d'être mauvais pour la santé à long terme, explique la docteure Eleanor Winpenny de l'université de Cambridge. C'est une période vraiment importante où les gens acquièrent des habitudes saines ou malsaines qui se poursuivront tout au long de la vie adulte. Si nous pouvons identifier les facteurs de notre vie adulte qui sont à l'origine de comportements malsains, nous pourrons alors travailler à les changer”, poursuit-elle.
Dans leur deuxième étude, les chercheurs ont analysé les conséquences de la parentalité sur le poids, le régime alimentaire et l’activité physique. En analysant six études, ils ont découvert qu’avoir un enfant augmentait la prise de poids de 17% chez les femmes. En cinq ou six ans, une femme sans enfant prenait 2,8 points d’IMC en plus contre 3,3 pour une nouvelle maman. En revanche, avoir un enfant ou pas ne change rien pour les hommes. Qui plus est, la plupart des études portant sur l’activité physique ont montré une plus grande diminution de cette dernière chez les personnes avec enfants.
Informer les nouveaux parents
“L'IMC augmente chez les femmes au cours du jeune âge adulte, particulièrement chez celles qui deviennent mères. Cependant, les nouveaux parents pourraient être particulièrement disposés à modifier leur comportement, car cela pourrait aussi avoir une influence positive sur leurs enfants, plutôt que d'améliorer uniquement leur propre santé”, commente la docteure Kirsten Corder, qui a également participé à l’étude.
“Les interventions visant à augmenter le niveau d'activité des parents et à améliorer leur alimentation pourraient avoir des avantages sur toute la ligne. Nous devons nous pencher sur les messages que les praticiens de la santé transmettent aux nouveaux parents, car des études antérieures ont laissé entendre que les nouvelles mères sont très confuses quant à la prise de poids acceptable pendant la grossesse”, poursuit-elle.
Passage au monde du travail ou pas, enfants ou pas, il semblerait que le fait de vieillir soit inexorablement lié à la prise de poids. En cause, la diminution du taux de renouvellement des lipides dans le tissu adipeux, c’est-à-dire de la proportion dans laquelle les graisses sont éliminées ou stockées dans le tissu adipeux. Ainsi, ne pas compenser cette diminution en limitant les apports caloriques peut entraîner une prise de poids de 20% selon une étude parue en septembre dans la revue Nature Medicine.