La dopamine (DA) est un neurotransmetteur, une molécule biochimique qui permet la communication au sein du système nerveux, et l'une de celles qui influent directement sur le comportement.La dopamine est l’une des principales molécules de récompense du cerveau. Sa perturbation est associée à des troubles liés à la dépendance et donc à l’addiction. Ici, des chercheurs se sont intéressés à son rôle dans la consommation d’amphétamines, des stimulants classés comme stupéfiants depuis 1967. D’après leur étude parue le 15 janvier dans la revue Neuron, cibler la signalisation de calcium des astrocytes, cellules gliales du système nerveux central, pourrait diminuer les effets comportementaux de l'amphétamine. A terme, cette découverte pourrait permettre de mettre au point des traitements plus ciblés pour traiter la toxicomanie.
En travaillant sur des souris, Michelle Corkrum, de l’université du Minnesota (Etats-Unis), et ses collègues ont découvert que l’amphétamine, connue pour augmenter la dopamine, aurait des effets sur les astrocytes. Traditionnellement considérées comme des cellules de soutien du cerveau et ignorées en termes de contribution active à son fonctionnement, elles auraient en fait un rôle important dans le traitement de l’information.
Dans le détail,les astrocytes réagissent à la dopamine et donc à l’amphétamine par une augmentation du calcium dans le noyau accumbens, l'un des principaux centres de récompense du cerveau. En diminuant leur activité, l’effet comportemental de l’amphétamine diminue chez les souris, ont remarqué les chercheurs.
Augmenter ou diminuer l’activité des astrocytes ?
“Ces résultats suggèrent que les astrocytes contribuent à la signalisation de l'amphétamine, à la signalisation de la dopamine et à la signalisation de la récompense globale dans le cerveau, commente Michelle Corkrum. De ce fait, les astrocytes sont un type de cellule potentiellement nouveau qui peut être spécifiquement ciblé pour développer des thérapies efficaces pour les maladies avec une dopamine dérégulée”, poursuit-elle.
Forte de ces résultats, elle prévoit donc de poursuivre ces recherches en explorant ce qui se passe avec les expositions répétées, le retrait et la réintégration de l’amphétamine. Elle souhaiterait également comprendre comment le stade de la dépendance ou l’état de la maladie pourrait influer sur la nécessité d’augmenter ou de diminuer l’activité des astrocytes.
L’importance du conditionnement
Les scientifiques s’intéressent souvent au rôle de la dopamine pour mieux comprendre les phénomènes d’addiction. Certains usagers n’arrivent pas arrêter la drogue en raison de ce neurotransmetteur. “Les substances psychoactives libèrent la dopamine qui active différentes zones du cerveau reliées entre elles (circuit de la récompense). Cette libération de dopamine procure un afflux de plaisir et en contrepartie de ce plaisir, la substance va demander au cerveau de continuer de consommer”, explique le ministère de la Santé sur son site. Chez la personne dépendante, ce système est déréglé. Ainsi, l’absence de substance ou de stimulation crée un manque.
Chez les drogués, les stimuli associés régulièrement à la consommation, comme un lieu ou un moment rituel, peuvent activer la libération de la dopamine avant même la prise de substance. C’est comme ça que la dépendance psychique peut se créer.
En Europe, près de 12 millions de personnes ont déjà essayé les amphétamines (speed, crystal-meth…). Le nombre de toxicomanes entrés en traitement pour cette consommation est de moins de 5% et leur âge moyen de 30 ans.