L’angoisse monte. Alors que la Thaïlande, le Japon et la Corée du Sud ont annoncé avoir été touchés par “2019-nCOV”, le virus cousin du Syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SRAS) qui sévit en Chine depuis mi-décembre, la France s’est mise en état de “vigilance”. “La vigilance vient d'être déclenchée en France”, a ainsi annoncé Santé publique France au Parisien lundi 20 janvier, alors que la transmission du virus d’humain à humain venait d’être confirmée.
Depuis vendredi 17, tous les médecins du pays sont invités à orienter “pour analyse clinique”, vers le Samu ou “un infectiologue référent”, toute personne “présentant une infection respiratoire aiguë, quelle que soit sa gravité, ayant voyagé ou séjourné dans la ville de Wuhan en Chine dans les 14 jours précédents la date de début des signes cliniques ou ayant eu un contact étroit avec une personne tombée malade dans cette ville.”
C’est dans un marché aux poissons cette ville de 11 millions d’habitants qu’est apparu le virus en Chine mi-décembre. Par mesure de précaution, l’établissement a été fermé le 1er janvier sur décision administrative. Puis, la Thaïlande, le Japon et enfin la Corée du Sud, ont annoncé avoir identifié un cas sur leur territoire. Deux cas suspects viennent également d’être annoncés en Australie. Quant à la Chine, elle a indiqué cette semaine avoir recensé plus de 220 malades, contre une soixantaine début janvier, et quatre morts.
Les autorités américaines effectuent des contrôle dans les aéroports
A l’approche du Nouvel An lunaire (samedi 25 janvier) et de tous les déplacements que ces festivités engendreront, les autorités craignent le pire. Des procédures d'urgence auraient été mises en place le week-end dernier dans les hôpitaux de la capitale et le gouvernement se préparerait à une distribution massive de masques protecteurs.
Quant à nature du virus, qui provoque toux et fièvre, “il est à 80 % identique au SRAS (responsable en 2002-2003 en Chine de la mort de centaines de personnes en Asie du Sud-Est, NDLR) et comme pour le SRAS, on pense que sa source est d'origine animale, mais lequel précisément, on ne sait pas encore”, explique Arnaud Fontanet virologue à l'institut Pasteur/Cnam au Parisien. On ignore également sa période “Pour l'instant, on se base sur celle du SRAS, à savoir que les premiers symptômes apparaîtraient entre le 5e et le 14e jour après l'infection, mais il nous faudra encore une quinzaine de jours pour y voir clair”, précise-t-il, non sans inquiétude. “Certes, les personnes décédées étaient toutes âgées et déjà malades, cela veut dire le virus n'est pas très virulent, mais s'il mute, cela peut devenir embêtant.”
Par peur de contagion, les autorités américaines ont commencé la semaine dernière à filtrer les passagers qui reviennent de Wuhan. A l’aéroport de Los Angeles, de San Francisco ou à New York, des agents prennent désormais la température des voyageurs en provenance de Wuhan. Cependant, ce système n’est clairement pas infaillible, surtout si la période d’incubation du virus s’avère longue.
Les recommandations de l’OMS
Au niveau de l’Organisation mondiale de la santé, aucune restriction de voyage n’est pour l’heure préconisée. Pas plus que des procédures de dépistage. Lundi toutefois, des consignes de précautions ont été instaurées pour les voyageurs qui s’apprêtent à décoller pour Wuhan. Par voie d’affichage ou messages diffusées à bord, ces dernières sont invitées à “éviter de se rendre dans des marchés où sont venus des animaux vivants ou morts, d'en manger lorsqu'ils sont peu ou mal cuits, et en cas de symptômes, de consulter rapidement un médecin localement.”
Pour réduire le risque d’infection à coronavirus, “lavez-vous bien les mains”, “pensez à bien cuire la viande et les œufs”, ou encore “couvrez-vous la bouche” quand vous toussez ou éternuez, recommande encore l’OMS sur les réseaux sociaux.