À quel point les inégalités sociales influencent-elles l’espérance de vie en bonne santé des plus riches et des plus pauvres ? Une nouvelle étude, menée par l’Office for National Statistics (ONS) auprès de 10 754 Britanniques de plus de 50 ans et 14 803 Américains du même âge s’est penchée sur la question.
Ses résultats, publiés dans le Journal of Gerontology de l’Oxford University Press sont sans appel : entre les plus riches et les plus pauvres, un fossé de neuf années d’espérance de vie en bonne santé persiste. Cela signifie que les classes sociales les plus riches vivent près de dix ans de plus en bonne santé que les plus pauvres.
Un indicateur fiable pour mesurer les inégalités sociales
Comme le rappelle Le Figaro, l’espérance de vie en bonne santé est un indicateur sanitaire et démographique plus fiable que la seule espérance de vie. Recommandé par l’Union européenne, il est défini par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme “le nombre moyen d’années de bonne santé que l’on peut espérer vivre au sein de l’espérance de vie (EV) dans les conditions médicales, sociales et sanitaires du moment.”
Au Royaume-Uni et aux États-Unis, les inégalités sociales semblent particulièrement influer sur les chances de vivre longtemps en bonne santé. Ainsi, à 50 ans, les hommes britanniques les plus riches peuvent encore espérer vivre 31 ans en bonne santé, tandis que les plus pauvres ont une espérance de vie en bonne santé de 22 ans en moyenne.
Chez les femmes, les Britanniques de 50 ans les plus riches vivent encore en moyenne 33 ans en bonne santé, contre 24 pour les plus pauvres. Un écart semblable est constaté aux États-Unis, où en moyenne sept années d’espérance de vie en bonne santé séparent les classes sociales les plus riches de celles les plus pauvres.
Comme le rappelle Paola Zaninotto, professeure en épidémiologie au University College de Londres (Royaume-Uni) et autrice principale de l’étude, “augmenter le nombre d’années que les individus sont censés vivre, mais aussi la qualité de ces années de vie, ont des implications sur les dépenses publiques de santé, sur les politiques de revenus, de soins de longue durée des personnes âgées et de participation au travail”. Il est selon elle nécessaire que “les décideurs politiques en Angleterre et aux États-Unis redoublent d’efforts pour réduire les inégalités en matière de santé et [que] ces efforts (...) ciblent les personnes issues de groupes socio-économiques défavorisés.”
Un constat similaire en France
Publié alors que la France est en plein débat sur la réforme des retraites et que l’allongement de l’espérance de vie est au cœur des arguments du gouvernement pour augmenter le nombre d’années travaillées pour bénéficier d’une retraite à taux plein, ce rapport fait aussi écho à une autre étude, cette fois-ci française, qui dressait un bilan similaire. Réalisé par l'Observatoire des inégalités en juin 2018, il montrait que les Français les plus riches avait une espérance de vie supérieure de 13 ans par rapport aux plus pauvres.
Ainsi, dans le détail, les hommes les plus riches (avec des revenus supérieurs à 5 800€ par mois) ont une espérance de vie à la naissance de 84,4 ans, contre 71,7 ans pour les hommes faisant partie des 5% de personnes ayant un niveau de vie situé à 470€ par mois). Chez les femmes, l’espérance de vie de celles les plus riches atteint 88,3 ans contre 80 ans parmi les 5% les plus modestes, soit 8 ans d'écart.