Alors qu’en Belgique, une jeune fille est décédée il y a quelques jours d’un choc toxique survenu à cause d’un tampon, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a dévoilé lundi 20 janvier les résultats de nouvelles analyses sur les protections intimes. Si l’agence conclut à “l’absence de risque sanitaire dans les tampons, les serviettes hygiéniques et/ou les protège-slips et les coupes menstruelles”, elle insiste sur l’importance de respecter quelques mesures d’hygiène élémentaires.
En mars 2016, le magazine 60 millions de consommateurs avait détecté dans des produits d’hygiène intime, des résidus de substances toxiques. L’Anses avait alors été saisie afin d’évaluer la sécurité des produits de protection intime en matière de risques d’infection, d’allergie ou d’intolérance et/ou liées à l’action chimique par contact cutané ainsi que par contact avec les muqueuses. Elle a donc mené une série d’auditions auprès d’associations de consommateurs et d’entreprises, analysé les données scientifiques disponibles et réalisé un sondage auprès de 1 065 femmes réglées et âgées de 13 à 50 ans.
Résultat de l’enquête : 91% des femmes utilisent des protection externes (serviettes et protège-slips) et surtout les 13-24 ans. Les femmes âgées de plus de 25 ans utilisent quant à elles principalement des protections internes de type tampons. Toutefois, l’enquête a mis en avant un engouement de plus en plus important pour les coupes menstruelles. Désormais, 9% des sondées déclarent en utiliser. Il s’agit surtout de la tranche 25-34 ans.
Le danger de développer un SCT menstruel augmente avec la durée de port des protections internes
Ce sondage a surtout mis en évidence une insuffisance des mesures d’hygiène. En effet, 39% des femmes interrogées avaient avoué ne pas se laver les mains avant le changement de protection intime ou après. Concernant la perception des risques, 81% avaient dans l’idée qu’au moins un type de protection comportait des risques (surtout les tampons) mais elles étaient peu à en connaître les détails. Les coupes menstruelles étaient perçues comme les protection les moins risquées. Enfin, la grande majorité des sondées faisaient à priori confiance aux professionnels de santé pour recevoir des informations fiables sur le sujet.
Autre conclusion importante des experts de l’ANSES, “le principal risque sanitaire avéré? Associer à l’usage de tampons hygiéniques est la survenue du syndrome de choc toxique (SCT) menstruel dû à une infection bactérienne (Staphylococcus aureusou staphylocoque doré)”. Le risque de développer un SCT menstruel augmente avec la durée de port des protections internes. Inquiétant quand on sait que 79% des sondées assurent garder leur tampon toute la nuit sans le changer, tandis que près de 30% des femmes ne changent pas de coupe menstruelle durant toute une journée.
En conclusion du rapport, “aucun dépassement des seuils sanitaires n’a été mis en évidence, par voie cutanée, pour ces substances chimiques détectées ou quantifiées dans les tampons, les coupes menstruelles, les serviettes hygiéniques et/ou les protège-slips”, note le Comité d’Experts Spécialisés (CES) de l’ANSES. Toutefois, il “existe d’autres sources d’exposition à ces substances (environnementale, alimentaire, produits de grande consommation) auxquelles les personnes peuvent être exposées et qui sont exclues du champ de l’expertise.”
Utiliser une protection externe la nuit
Pour finir, les spécialistes émettent plusieurs recommandations. Concernant les fabricants, ils leur demandent, comme lors du premier rapport de juillet 2018, “d’améliorer la qualité de ces produits afin d’éliminer ou de réduire au maximum la présence des substances chimiques”. Les substances parfumantes, qui contiennent de potentiels risques cutanés, devraient par exemple être complètement supprimées de la composition des protections intimes. Au niveau la composition des matériaux, ces derniers devraient être “mieux documentée et affichée sur les emballages afin d’informer les utilisatrices.”
Concernant l’utilisation des protections, le CES “recommande d’améliorer l’information des femmes sur les bonnes pratiques d’hygiène afin de réduire les risques infectieux au moyen d’une communication institutionnelle”. Il est donc nécessaire de sensibiliser les professionnels de santé sur le sujet, notamment sur le SCT. Chaque femme devrait ainsi être informée des dangers du staphylocoque doré et savoir qu’il est indispensable de changer son tampon ou de vider sa coupe le plus régulièrement possible.
S’il est recommandé de changer son tampon tous les quatre à heures maximum sur les boîtes, aucune information n’est divulguée en ce qui concernent les coupes menstruelles. C’est pourquoi, le “CES recommande que chaque coupe menstruelle soit systématiquement vendue accompagnée d’une notice d’utilisation et de préconisations d’hygiène (durée de port, lavage, éventuelle désinfection, entre chaque utilisation pour les coupes menstruelles, etc.)”. Enfin, il est conseillé d’utiliser “la nuit, d’une protection externe afin de diminuer le risque de développer un SCT menstruel compte tenu de la durée de port.”