Ces dernières années, aux Etats-Unis et en Europe, le marché du bio a connu une croissance de 17 à 21 %, contre 2 à 4 % pour le marché des produits alimentaires conventionnels. Pourquoi un tel engouement de la part des consommateurs ? Notamment car les légumes et fruits bio sont censés être meilleurs pour la santé en raison de l’absence de pesticides, très nocifs pour l’organisme, dans les cultures. Ils sont aussi plus bénéfiques pour les humains en raison des morsures d’insectes. En effet, ces blessures déclenchent une augmentation des composés antioxydants dans la plante, ce qui est plus sain pour le consommateur final. Telle est la conclusion d’une étude américaine parue dans la revue Nature.
Des scientifiques de l’agence de recherche sur l’agriculture et les sciences de la vie du Texas (Etats-Unis) AgriLife Research, ont cultivé des fraises suivant les normes de la culture biologique et les ont soumises à divers niveaux de “biologiques” au niveau des feuilles quelques jours avant la récolte. A la suite de quoi, ils ont analysé les fruits et constaté que le stress auquel avaient été soumises les plantes avait provoqué une augmentation de la production d’antioxydants.
“De nombreuses études dans le passé ont soutenu cette idée, mais beaucoup d’autres n’ont montré aucune différence”, explique Luis Cisneros-Zevallos, chercheur principal de l’étude et scientifique en horticulture et en alimentation de l’AgriLife Research. Dans le détail, “plusieurs études ont confirmé que les fruits et légumes biologiques contiennent des niveaux plus élevés de métabolites secondaires liés aux défenses des plantes. Une méta-analyse a montré que la teneur en métabolites secondaires des produits biologiques était supérieure de 12 % à celle des produits cultivés selon des pratiques conventionnelles”, écrivent les auteurs de l’étude dans l’article. “Dans notre étude, nous avons prouvé que les blessures des feuilles sur les plantes, notamment celles causées par les insectes, produisent des fruits biologiques plus sains”, poursuit Luis Cisneros-Zevallos.
Augmenter les produits phytochimques dans les fruits
“Nous avons découvert comment plusieurs gènes associés à la translocation du sucre et à la biosynthèse des composés phénoliques étaient surexprimés dans les fruits du fraisier”, poursuit Facundo Ibanez, qui a participé au projet. Selon les auteurs de l’étude, toutes les plantes pourraient s’adapter et se défendre face aux stimuli de leur environnement en activant leur métabolisme primaire et secondaire. Ce mécanisme les pousserait donc à produire davantage de composés antioxydants quand elles se font mordre par des insectes.
Selon Cisneros-Zevallos, ces résultats devraient clouer le bec à la controverse selon laquelle les fruits et les légumes issus de l’agriculture issus de l’agriculture biologique sont plus sains. Qui plus est, “la blessure mécanique contrôlée appliquée pendant la pré-récolte dans les feuilles pourrait être utilisée pour augmenter les produits phytochimiques dans les fruits”. “D’autres études sont recommandées pour d’autres culture”, concluent les chercheurs.
Dans le passé, de nombreuses recherches ont montré le bénéfice pour la santé des composés antioxydants, que ce soit pour se protéger du diabète de type 2, de certains cancers, de maladies cardiovasculaires ou neurodégénératives.
Le bio reste bien plus cher que les produits issus de l’industrie agro-alimentaire classique
Quoi qu’il en soit, force est de constater que les produits bio sont bien plus chers que les aliments issus de l’industrie agro-alimentaire classique. En effet, en fonction des méthodes de mesure, la différence entre un panier de course moyen “normal” et un “bio” est de 26 à 74% plus cher, la moyenne se situant à 30% de budget en plus.
C’est pourquoi, afin d’aider les plus démunis à bien manger, l’association Vrac a été créée à Lyon, Bordeaux, Toulouse et Paris. Elle propose aux plus démunis une grande diversité de produits presque tous bio et locaux, de haute qualité et qu’on ne trouve habituellement que dans les enseignes bio.
“À ce jour, l'association propose une cinquantaine de références : des produits alimentaires en vrac, des produits frais, des produits d'épicerie (miel, jus de fruits, compotes, cafés, thés…), mais aussi des produits d'entretien, d'hygiène et de soin du corps”, est-il expliqué sur le site du ministère de l'Agriculture.